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VARIANTES D’ADÉLAÏDE DU GUESGLIN. 445

Ma chaîne est trop pesante, elle est affreuse et chère ;

Si tu brisas la tienne, elle fut bien légère ;

D’un feu peu violent ton cœur fut enflammé ;

Non, tu n’as point vaincu, tu n’avais pas aimé.

De la pure amitié l’amour eût été maître.

Par moi, par mon supplice, api)rcnds à le connaître ;

Vois à quel désespoir il peut nous entraîner ;

Sers-moi, plains-moi du moins, mais sans me condamner.

Malgré tous tes conseils, il faut qu’Adélaïde

Gouverne mes destins, ou m’égare, ou me guide.

ACTE TROISIEME.

SCÈNE II.

ADELAÏDE.

Juste ciel ! quel regard et quel accueil glacé !

NEMOURS.

Vous prenez trop de soin de mon destin funeste. Que vous importe, ô Dieu ! ce déplorable reste De ces jours conserves par le ciel en courroux. De ces jours détestes qui ne sont plus à vous ?

ADÉLAÏDE.

Qui ne sont plus poiu’ moi ! Nemours, pouvez-vous croire…

NEMOURS.

J’ai trop vécu pour vous, trop vécu pour ma gloire. Mes yeux qui se fermaient se rouvrent-ils au jour Pour voir trahir mon roi, la France, et mon amour ? Grand Dieu ! qui m’as rendu ma chère Adélaïde, Me la rends-tu sans foi, me la rends-tu perfide ? Instruite en l’art affreux des infidélités, Après tant de serments…

ADÉLAÏDE

Non, Nemours, arrêtez. Je vous pardonne, hélas ! cette fureur extrême. Tout, jusqu’à vos soupçons ; jugez si je vous aime !

XEMOL’RS.

Et je suis son vainqueur, étant aimé de vous. Mais qui peut enhardir sa superbe espérance ? Qui de ses vœux ardents nourrit la confiance ? Comment à cet I13 men se peut-il préparer ? Qu’avcz-vous répondu ? qu’ose t-il espérer ?

Théâtre. II. 10