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ACTE V, SCÈNE II. 429

■ ?

Imitez votre maître, et, s’il vous faut périr. Nous recevrez de moi l’exemple de mourir.

SCENE II.

VENDOME, seul.

Le sang, l’indigne sang qu’a demandé ma rage, Sera du moins pour moi le signal du carnage. Uu bras vulgaire et sûr va punir mon rival ; Je vais être servi ; j’attends l’heureux signal. Nemours, tu vas périr, mon bonheur se prépare.. Un frère assassiné ! quel bonheur ! Ah, barbare ! S’il est doux d’accabler ses cruels ennemis, Si ton cœur est content, d’où vient que tu frémis Allons… Mais quelle voix gémissante et sévère Crie au fond de mon cœur : Arrête, il est ton frère ! Ah ! prince infortuné ! dans ta haine affermi, Songe à des droits plus saints ; Nemours fut ton ami jours de notre enfance ! ù tendresses passées ! H fut le confident de toutes mes pensées. Avec quelle innocence et quels épanchements Nos cœurs se sont appris leurs premiers sentiments ! Que de fois, partageant mes naissantes alarmes, D’une main fraternelle essuya-t-il mes larmes ! Et c’est moi qui l’immole ! et cette même main D’un frère que j’aimai déchirerait le sein ! passion funeste ! ô douleur qui m’égare ! Non, je n’étais point né pour devenir barbare. Je sens combien le crime est un fardeau cruel… Mais, que dis-je ? Nemours est le seul criminel. Je reconnais mon sang, mais c’est à sa furie ; 11 m’enlève l’objet dont dépendait ma vie ; Il aime Adélaïde… Ah ! trop jaloux transport ! Il l’aime ; est-ce un forfait qui mérite la mort ? Hélas ! malgré le temps, et la guerre, et l’absence \

1. Ces vers rappellent ceux de Phèdre (acte IV, scène vi) :

Hélas ! ils se voyaient avec pleine licence ;

Lo ciol de leurs soupirs approuvait l’innocence ;

Ils suivaient sans remords leur penchant amoureux :

Tous les jours se levaient clairs et sereins pour eux.

Théâtre. II.