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ACTE m, SCÈNE HI. Hj

io vous (l((lai} ; iio assez tous doux pour vous unir, Perlide ! et c’est ainsi que je dois vous punir.

ADÉLAÏDE.

Je devrais seulement vous ([uitter et me taire ; ÏMais je suis accusée, et ma gloire m’est chère. Votre frère est présent, et mon honneur l)lessé Doit repousser les traits dont il est oiïensé. l*our un autn » (jue vous ma vie est destinée ; Je vous en fais l’aveu, je m’y vois condamnée. Oui, j’aime ; et je serais indigne, devant vous. De celui que mon cœur s’est promis pour époux. Indigne de l’aimer, si, par ma complaisance. J’avais à votre amour laissé quelque espérance. Vous avez regardé ma liberté, ma foi, Comme un bien de conquête, et qui n’est plus à moi. Je vous devais beaucoup ; mais une telle offense Ferme à la fin mon cœur h la reconnaissance : Sachez que des bienfaits (|ui font rougir mon front, A mes jeux indignés ne sont plus qu’un affront. J’ai plaint de votre amour la violence vaine ; Mais, après ma pitié, n’attirez point ma haine. J’ai rejeté vos vœux, que je n’ai point bravés ; J’ai voulu votre estime, et vous me la devez.

VENDÔMK.

Je VOUS dois ma colère, et sachez qu’elle égale

Tous les emportements de mon amour fatale.

Quoi donc ! vous attendiez, pour oser m*acca])ler.

Que ^emours fut présent, et me vît immoler ?

Vous vouliez ce témoin de l’affront que j’endure ?

Allez, je le croirais l’auteur de mon injure,

Si… Mais il n’a point vu vos funestes appas ;

Mon frère trop heureux ne vous connaissait pas.

Nommez donc mon rival : mais gardez-vous de]croire

Que mon lâche dépit lui cède la victoire.

Je vous trompais, mon cœur ne peut feindre longtemps :

Je vous traîne à l’autel, à ses yeux expirants ;

Et ma main, sur sa cendre, à votre main donnée.

Va tremper dans le sang les flambeaux d’hyménée.

Je sais trop qu’on a vu, làcliement abusés,

Pour des mortels obscurs, des princes méprisés ;

Et mes yeux perceront, dans la foule inconnue,

Jusqu’à ce vil objet qui se cache à ma vue.

Théâtre. II. 8