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LIV. — Il dit que le séjour de la cour de Rome en France y a introduit la simonie, la chicane, exercice de gratte-papier, et la débauche. Il eût été bon de retrancher cet article tout entier.

Le P. Daniel a pour principe que toute vérité n’est pas bonne à dire.

LV. — Il rapporte que, sur la foi du peuple, l’empereur fut empoisonné, en communiant, par un moine dominicain.

On ne peut blâmer un historien qui rapporte les faits certains comme certains, et les bruits publics comme des ouï-dire.

LVI. — Il dit : On conte que le grand maître des Templiers ajourna le pape à comparoir devant Dieu dans les quarante jours, et le roi dans l’année. On conte ! quelle légèreté pour des faits si graves !

Tous les historiens rapportent la même chose.

LVII. — Il est toujours disposé à parler mal des grands, des femmes et des moines.

Ne dire jamais de mal de monsieur le prieur, voilà la devise du P. Daniel, en bon jésuite.

LVIII. — Il est surprenant comment Mézerai a pu prévenir tant de gens en sa faveur.

Mézerai n’offusquerait pas tant le P. Daniel s’il n’avait pas un si grand nombre de partisans et de lecteurs.

LIX. — C’est un historien violent, de qui l’on peut dire qu’il ne conserve de modération en aucune occasion.

Et le P. Daniel commence cet ouvrage par dire que c’est un fort bon historien !

LX. — Il dit qu’un favori du roi d’Angleterre avait été nourri auprès de lui dans une familiarité peu honnête. De quoi veut-il accuser par là ce roi ?

Tantôt le P. Daniel veut qu’on parle clairement, tantôt que ce que l’on dit soit gazé.

LXI. — Mézerai dit que la force de la coutume salique, très-conforme aux lois de la nature, entraîna le suffrage des Français. En quoi est-elle conforme aux lois de la nature ?

La réflexion de Mézerai était juste ; mais une loi qui exclut en même temps les bâtards faisait de la peine au P. Daniel et à Louis XIV.