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diminution qui nous a été accordée sur le prix principal du sel que pour s’autoriser d’autant mieux à substituer au sel que le pays était en coutume de consommer, du sel de Provence qui leur était à charge, d’une qualité bien inférieure, mélangé d’une terre rouge, sale, dégoûtant, également nuisible aux hommes, aux bestiaux, et à la fabrication des fromages, qui font le principal commerce du pays. Ce changement, que personne n’a demandé, et dont nous-mêmes n’avons été informés qu’à l’instant qu’il s’est fait, excite des plaintes générales et met le comble à nos maux, soit par le déchet énorme qui résulte de la nécessité absolue où l’on est de nettoyer et de purifier ce sel avant que d’en faire usage, soit par les suites malheureuses d’une contrebande plus considérable que sa mauvaise qualité occasionne : contrebande d’autant plus préjudiciable à Sa Majesté qu’il ne se débite pas présentement, au grenier de Gex, la moitié du sel qui s’y débitait avant l’établissement des 8 sols pour livre ; et que conséquemment il n’y a point de proportion entre le produit de cet impôt et la perte qui résulte de la diminution des ventes. À des considérations si pressantes nous ajouterons encore, monseigneur, celles qui sont détaillées dans la délibération générale des députés des communautés du pays de Gex, du 27 avril 1772, dont nous avons l’honneur de vous adresser une copie par laquelle vous verrez la progression étonnante de l’augmentation du prix du sel, qui fait le légitime sujet des plaintes publiques. Daignez, monseigneur, vous en occuper, nous rendre le sel que nous réclamons, et en rétablir le prix sur son ancien pied ; nous redoublerons nos vœux au ciel pour votre précieuse conservation, et pour la prospérité de votre ministère.

Nous sommes, etc.

Signé : Gastin, de Sauvage, Fabry, et Émery.


FIN DE LA LETTRE À M. TURGOT.