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LETTRE[1]


ÉCRITE À M. TURGOT


CONTROLEUR GÉNÉRAL DES FINANCES,


PAR


MESSIEURS LES SYNDICS GÉNÉRAUX DU CLERGÉ, DE LA NOBLESSE ET DU TIERS ÉTAT DU PAYS DE GEX.




Le 26 novembre 1774.
Monseigneur,


Quand nous avons porté au pied du trône les représentations respectueuses du pays de Gex sur le prix du sel qu’il consomme, fixé, par arrêt du conseil des 5 avril 1715 et 29 mai 1725, à 24 livres le minot, augmenté et successivement parvenu à 45 livres 0 sol 2 deniers, nous ne demandions qu’une diminution de ce prix excessif, et que son rétablissement sur l’ancien pied. Nous ne nous serions jamais attendus qu’au lieu de nous accorder ce soulagement, sollicité par des motifs qui intéressent également l’État, les fermes de Sa Majesté, et les habitants de cette petite contrée du royaume, on rendrait notre condition pire. C’est cependant, monseigneur, l’effet qu’a produit l’arrêt du conseil du 13 juillet 1773, dont nous prenons la liberté de vous mettre une copie sous les yeux[2]. Si nous connaissions moins l’esprit d’équité qui dirige les opérations de messieurs les fermiers généraux, nous serions tentés de croire qu’ils n’ont consenti la légère

  1. C’est sous ce titre que ce morceau a été publié, pour la première fois, en juin 1827, par M. Clogenson, qui dit que Voltaire se contenta probablement de rendre le style un peu moins pesant, et la rédaction plus courte. (B.)
  2. L’arrêt du 13 juillet 1773 avait été rendu sous le ministère de Terray. Turgot n’était contrôleur général que depuis le 24 auguste 1774.