Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/585

Cette page n’a pas encore été corrigée

DU CURÉ. 575

toujours (les procès des moiues! Et quel procès que celui-ci! d'un côté, trois mille familles utiles qui composent au moins douze mille tètes, redemandant avec larmes, et leurs titres à la main, la liberté qu'ils ont payée, la propriété de leurs déserts et de leurs tanières qu'on leur a vendus, et dont ils représentent la quittance; enlin des droits qui sont incontestables dans tous les tribunaux de la terre.

« De l'autre côté sont vingt hommes inutiles, qui disent pour toute raison : Ces trois mille familles sont nos esclaves, parce que nous avons eu autrefois dans ces montagnes quelques faus- saires, et même des faussaires maladroits.

« Si notre religion, qui commença par ne point connaître les moines, et qui, sitôt qu'ils parurent, leur défendit toute pro- priété, qui leur fit une loi de la charité et de l'indigence ; si cette religion, qui ne crie de nos jours que dans le ciel en faveur des opprimés, se tait dans les montagnes et dans les abîmes du mont Jura, ô justice sainte! ô sœur de cette rehgion! faites entendre votre voix souveraine ; dictez vos arrêts, quand l'Évangile est oublié, quand on foule aux pieds la nature! »

��FIN DE LA VOIX DU CURE.

�� �