Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome28.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée
347
AUX MAGISTRATS.

gieuse supériorité des nations protestantes sur nous en a été la confirmation. Elle a été sentie à Rome, dont la campagne ne peut nourrir ses habitants. On y a retranché des fêtes ; mais le soulagement a été médiocre, parce que la culture y manque de bras ; parce qu'il y a dans cet État beaucoup plus de prêtres que d'agriculteurs ; parce que chacun y court à la fortune en disant qu'il veut enseigner la terre, et que presque personne ne la cultive. Les pays de l'Autriche ont recueilli un avantage bien plus sensible de la suppression des fêtes. Puissent-elles être toutes absorbées dans le dimanche ! Que le repos soit permis en ce saint jour ; mais qu'il ne soit pas commandé. Quelle loi que l'obligation de ne rien faire ! Quoi ! punir un homme pour avoir servi les hommes après avoir prié Dieu !

Si, dans notre ignorance, nous avons dit quelque chose qui soit contre les lois, pardonnez à cette ignorance, qui est la suite inévitable de notre misère ; mais daignez considérer si, la puissance législatrice ayant seule institué le dimanche, ce n'est pas elle seule qui doit connaître de la police de ce jour, comme de tous les autres.

Enfin que l'Église conseille, mais que le souverain commande, et que les interprètes des lois sollicitent auprès du trône des lois utiles au genre humain. Certes il en a besoin en plus d'un genre.

Nous ne prétendons rien diminuer des véritables droits de l'Église, à Dieu ne plaise ! Mais nous réclamons les droits de la puissance civile pour le soulagement d'une nation dans laquelle il y a réellement plus de dix millions d'êtres infortunés qui souffrent et qui se cachent, tandis que quelques milliers d'hommes brillants feignent d'être heureux, se montrent avec faste aux étrangers, et leur disent : Jugez par nous de la France.



FIN DE LA REQUÊTE A TOUS LES MAGISTRATS DU ROYAUME.