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518 LETTRE

SOUS Hérodc le tétrarque, conformément à ce qui est rapporté dans le Toldos Jeschut et dans le Talmucl. Vos Évangiles, disait-il, n'ont été écrits que vers le commencement de votre second siècle, et ne sont point authentiques comme notre Talmucl. Nous n'avons pu crucifier celui dont vous nous parlez du temps d'Hérode le tétrarque, puisque nous n'avions pas alors le droit du glaive; nous ne pouvons l'avoir crucifié, puisque ce supplice n'était point en usage parmi nous. Notre Talmud porte que celui qui périt du temps de Jannée fut condamné à être lapidé. Nous ne pouvons pas plus croire vos Évangiles que les Lettres prétendues de Pilate que vous avez supposées. Il était aisé de renverser cette vaine érudition rabbinique. La reine finit la dispute en demandant aux Juifs pourquoi ils puaient.

Ce même Zéchiel eut encore plusieurs autres conférences dont un de ses disciples nous rend compte. Chaque parti s'attri- bua la victoire, quoiqu'elle ne pût être que du côté de la vérité.

Le Rempart de la foi, écrit par un Juif nommé Isaac, trouvé en Afrique, est bien supérieur à la relation de Zéchiel, qui est très- confuse, et remplie de puérilités. Isaac est méthodique et très- bon dialecticien : 'jamais l'erreur n'eut peut-être un plus grand appui. Il a rassemblé sous cent propositions toutes les difficultés que les incrédules ont prodiguées depuis.

C'est là qu'on voit les objections contre les deux généalogies de Jésus-Christ, qui sont différentes l'une de l'autre ;

Contre les citations des passages des prophètes qui ne se trouvent point dans les livres juifs ;

Contre la divinité de Jésus-Christ, qui n'est pas expressément annoncée dans les Évangiles, mais qui n'en est pas moins prouvée par les saints conciles;

Contre l'opinion que Jésus n'avait point de frères ni de sœurs ;

Contre les difl'érentes relations des évangélistes, que l'on a ce- pendant conciliées;

Contre l'histoire du Lazare;

Contre les prétendues falsifications des anciens livres cano- niques.

Enfin les incrédules les plus déterminés n'ont presque rien allégué qui ne soit dans ce Rempart de la foi du rabbin Isaac. On ne peut faire un crime aux Juifs d'avoir essayé de soutenir leur antique religion aux dépens de la nôtre : on ne peut que les plaindre; mais quels reproches ne doit-on pas faire à ceux qui ont profité des disputes des chrétiens et des juifs pour combattre

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