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DES ÉGLISES DE POLOGNE. 453

ne portaient point à leur entrée les cordons d'un dais superhe, sous lequel on eût vu André et Luc portés pompeusement comme des souverains.

Dès le II" siècle la place d'évêque fut lucrative par les aumônes des chrétiens, et conséqucmment les évêques des grandes villes furent plus riches que les autres; étant plus riches, ils eurent plus de crédit et de pouvoir.

Si quelque évêque avait pu prétendre à la supériorité, c'eût été assurément l'évêque de Jérusalem, non pas comme le plus riche, mais comme celui qui, selon l'opinion vulgaire, avait suc- cédé à saint Jacques, le propre frère de Jésus-Christ. Jérusalem était le berceau de la religion chrétienne. Son fondateur y était mort par un supplice cruel; il était reçu que Jacques son frère y avait été lapidé. Marie, mère de Dieu, y était morte. Joseph, son mari, était enterré dans le pays. Tous les mystères du chris- tianisme s'y étaient opérés. Jérusalem était la ville sainte qui devait reparaître dans toute sa gloire pendant mille années. Que de titres pour assurer à l'évêque de Jérusalem une prééminence incontestable !

Mais lorsque le concile de Nicée régla la hiérarchie, qui avait eu tant de peine à s'établir, le gouvernement ecclésiastique se modela sur la politique. Les évêques appelèrent leurs districts spirituels du nom temporel de diocèse. Les évêques des grandes vihes prirent le titre de métropolitains. Le nom de patriarche s\Hr- blit peu à peu : on donna ce titre aux évêques de Gonstantinople et de Rome, qui étaient deux villes impériales ; à ceux d'Alexandrie et d'Antioche, qui étaient encore deux considérables métropoles; et enfin à celui de Jérusalem, qu'on n'osa pas dépouiller de cette dignité, quoique cette ville, nommée alors Élia, fût presque dépeu- plée et située dans un terrain ingrat, dans lequel elle ne pouvait s'affranchir de la pauvreté, n'ayant jamais fleuri que par le grand concours des Juifs qui venaient autrefois y célébrer leurs grandes fêtes; mais, ne tirant alors quelque argent que des pèlerinages peu fréquents des chrétiens, le district de ce patriarche fut très- peu de chose. Les quatre autres, au contraire, furent très-étendus.

11 ne tomba dans la tête ni d'aucun évêque, ni d'aucun patriarche, de s'arroger une juridiction temporelle. On n'en trouve aucun exemple que dans la subversion de l'empire romain en occident.

Tout y changea lorsque Pépin d'Austrasie, premier domes- tique d'un prince franc nommé Childeric, se lia avec le pape Zacharie, et ensuite avec le pape Etienne II, pour rendre son

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