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452 ESSAI SUR LES DISSENSIONS

gine grecque: église, baptême, paraclet, liturgie, litanie, symbole, eucharistie, agape, épiplianie, évêque, prêtre, diacre, pape même, tout annonce que l'Église d'occident est la fille de l'Église d'orient, fille qui, dans sa puissance, a méconnu sa mère.

Aucun évêque de Home ne fut compté ni parmi les Pères, ni même parmi les auteurs api)rouvés, pendant plus de six siècles entiers. Tandis qu'Athénagore, Éplirem, Justin, Tertullien, Clé- ment d'Alexandrie, Origène, Cyprien, Irénée, Atiianase, Eusèbe, Jérôme, Augustin, remplissaient le monde de leurs écrits, les évêques de Rome, en silence, se bornaient au soin d'établir leur troupeau, qui croissait de jour en jour,

Nous n'avons sous le nom d'un évêque de Rome que les Ricog- nitions de Clément. Il est prouvé qu'elles ne sont pas de lui, et, si elles en étaient, elles ne feraient p:is honneur h sa mémoire. Ce Sont des conférences de Clément avec Pierre, Zachée, Bar- nabe et Simon le Magicien. Ils rencontrent vers Tripoli un vieillard, et Pierre devine que ce vieillard est de la race de César; qu'il épousa Matiiilde, dont il eut trois enfants ; que Clément est le cadet de ces enfants '. ainsi Clément est reconnu pour être de la maison impériale. C'est apparemment cette connaissance qui a donné le titre au livre ; encore cette rapsodie est-elle écrite en grec.

Mais aucun prêtre chrétien, soit grec, soit syriaque, ou afri- cain, ou italien, n'eut certainement d'autre puissance que celle de parler toutes les langues du monde, de faire des miracles, de chasser les diables : puissance admirable que nous sommes bien loin de leur contester.

Qu'il nous soit permis de le dire, sans oiîenscr personne : Si l'ambition pouvait s'en tenir aux paroles expresses de l'Évangile, elle verrait évidemment que les apôtres n'ont reçu aucune domi- nation temporelle de Jésus-Christ, qui lui-même n'en avait pas. Elle verrait que ses disciples étaient tous égaux, et que Jésus- Christ même a menacé de châtiment ceux qui voudraient s'élever au-dessas des autres ^

Pour peu qu'on soit instruit, on sait que, dans le V" siècle, il n'y eut aucun siège épiscopal particulier. Les apôtres et leurs successeurs se cachaient tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre; et certainement lorsqu'ils prêchaient de vihageen village, de cave en cave, de galetas en galetas, ils n'avaient ni trône épiscopal, ni juridiction, ni gardes; et quatre principaux barons

t. Matthieu, xx, 20, 27; Luc, xxii, 26.

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