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LETTRE DE VOLTAIRE À M. HUME.


Il y a des sottises et des querelles dans toutes les conditions de la vie. Quelques ex-jésuites[1] ont fourni à des évêques des libelles diffamatoires sous le nom de Mandements ; les parlements les ont fait brûler ; cela s’est oublié au bout de quinze jours. Tout passe rapidement, comme les figures grotesques de la lanterne magique.

L’archevêque de Novogorod, à la tête d’un synode, a condamné l’évêque de Rostou à être dégradé et enfermé le reste de sa vie dans un couvent, pour avoir soutenu qu’il y a deux puissances, la sacerdotale et la royale. L’impératrice a fait grâce du couvent à l’évêque de Rostou. À peine cet événement a-t-il été connu en Allemagne et dans le reste de l’Europe.

Les détails des guerres les plus sanglantes périssent avec les soldats qui en ont été les victimes. Les critiques mêmes des pièces de théâtre nouvelles, et surtout leurs éloges, sont ensevelis le lendemain dans le néant avec elles, et avec les feuilles périodiques qui en parlent. Il n’y a que les dragées du sieur Kayser[2] qui se soient un peu soutenues.

Dans ce torrent immense qui nous emporte et qui nous engloutit tous, qu’y a-t-il à faire ? Tenons-nous-en au conseil que M. Horace Walpole donne à Jean-Jacques, d’être sage et heureux. Vous êtes l’un, monsieur, et vous méritez d’être l’autre, etc., etc.

FIN DE LA LETTRE À M. HUME.
  1. Tels que Patouillet, qui écrivait des mandements pour l’archevêque d’Auch.
  2. Remède antisyphilitique.