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CHAPITRE XXXI.


forma deux partis violents ; et la question ayant bientôt changé d’objet, comme il arrive souvent, Arius soutint que Jésus avait été créé, et Alexandre qu’il avait été engendré.

Cette dispute creuse ressemblait assez à celle qui a divisé depuis Constantinople, pour savoir si la lumière que les moines voyaient à leur nombril était celle du Thabor, et si la lumière du Thabor et de leur nombril était créée ou éternelle.

Il ne fut plus question de trois hypostases entre les disputants. Le Père et le Fils occupèrent les esprits, et le Saint-Esprit fut négligé.

Alexandre fit excommunier Arius par son parti. Eusèbe, évêque de Nicomédie, protecteur d’Arius, assembla un petit concile où l’on déclara erronée la doctrine qui est aujourd’hui l’orthodoxe ; la querelle devint violente ; l’évêque Alexandre, et le diacre Athanase, qui se signalait déjà par son inflexibilité et par ses intrigues, remuèrent toute l’Égypte. L’empereur Constantin était despotique et dur ; mais il avait du bon sens : il sentit tout le ridicule de la dispute.

On connaît assez cette fameuse lettre qu’il fit porter par Osius aux chefs des deux factions. « Ces questions, dit-il, ne viennent que de votre oisiveté curieuse ; vous êtes divisés pour un sujet bien mince. Cette conduite est basse et puérile, indigne d’hommes sensés. » La lettre les exhortait à la paix ; mais il ne connaissait pas encore les théologiens.

Le vieil Osius conseilla à l’empereur d’assembler un concile nombreux. Constantin, qui aimait l’éclat et le faste, convoqua l’assemblée à Nicée. Il y parut comme en triomphe avec la robe impériale, la couronne en tête, et couvert de pierreries. Osius y présida comme le plus ancien des évêques. Les écrivains de la secte papiste ont prétendu depuis que cet Osius n’avait présidé qu’au nom du pape de Rome Silvestre. Cet insigne mensonge, qui doit être placé à côté de la donation de Constantin, est assez confondu par les noms des députés de Silvestre, Titus et Vincent, chargés de sa procuration. Les papes romains étaient à la vérité regardés comme les évêques de la ville impériale, et comme les métropolitains des villes suburbicaires dans la province de Rome ; mais ils étaient bien loin d’avoir aucune autorité sur les évêques de l’Orient et de l’Afrique.

Le concile, à la plus grande pluralité des voix, dressa un formulaire dans lequel le nom de Trinité n’est pas seulement prononcé. « Nous croyons en un seul Dieu et en un seul Seigneur Jésus-Christ, fils unique de Dieu, engendré du Père, et non fait