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PARALLELE

D'HORACE, DE BOILEAU, ET DE POPE

��Le même Journal encyclopédique, l'un des plus curieux et des plus instructifs de l'Europe, nous instruit d'un parallèle entre Horace, Boileau, et Pope, fait en Angleterre. Il nous rappelle des vers de M. de Voltaire au roi de Prusse, dans lesquels Pope a la préfé- rence sur le Français et sur le Romain :

Quelques traits échappés d'une utile morale, Dans leurs piquants écrits brillent par intervalle; Mais Pope approfondit ce qu'ils ont effleuré : D'un esprit plus hardi, d'un pas plus assuré, 11 porta le flambeau dans l'abîme de l'Être; Et l'homme, avec lui seul, apprit à se connaître.

Ces vers se trouvent à la tête du poëme de M. de Voltaire sur la Loi naturelle -, ouvrage philosophique et moral dans lequel la poésie reprend son premier droit, celui d'enseigner la vertu, l'amour du prochain, l'indulgence, et où l'auteur développe les principes de la loi universelle que Dieu a mis dans tous les cœurs. Nous convenons, avec M. de Voltaire, que l'Essai sur l'Homme de l'illustre Pope est un très-bon ouvrage, et que ni Horace, ni Boi- leau, ni aucun poète, n'ont rien fait dans ce genre. Rousseau est le seul qui ait tenté quelque chose d'approchant, dans une pièce de vers intitulée, on ne sait pourquoi. Allégorie '^ : il fait ses efforts pour expliquer le système de Platon ; mais que cet ouvrage est faible, languissant ! Ce n'est ni de la poésie, ni de la philosophie ; il ne prouve ni ne peint.

1. Ce morceau parut, en 1761, à la suite de VAppel à toutes les nations, etc., qui précède, à l'occasion du Parallèle entre Horace, Boileau, et Pope, traduit de l'anglais, qui avait été imprimé dans le Journal encyclopédique du 15 novembre 1760. (B.)

2. Voyez tome IX.

3. C'est la première Allégorie du livre second, intitulée Sophronyme.

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