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488 ANECDOTES

petite fille avec laquelle il était en commerce; quelque temps après, Fréron prit des meubles. Sa nièce devint sa gouvernante ; il lui fit deux enfants ; pendant la grossesse du second, il se maria par dispense.

L'histoire du procès de Fréron avec sa sœur est très-longue et très-compliquée. Le libraire Lambert m'a fait lire un mémoire manuscrit, très-curieux et très-bien fait, où le procès est plaisam- ment raconté. Je sais que Lambert conserve très-soigneusement ce manuscrit, et l'abbé Laporte en a parlé dans V Observateur litté- raire ( 1760, t. I", p. 177 ) ; il rapporte le sujet de ce procès ^ La sœur de Fréron est fripière; son enseigne est Au riche Laboureur; pour faire niche à son frère, qu'elle déteste bien cordialement, elle m'a dit qu'elle allait mettre une enseigne d'habits et de meubles sur sa boutique, avec ces mots : A l'Année Fripière Fréron.

Fréron a fait faire il y a douze à quatorze ans deux cents paires de souliers pour envoyer aux îles ; l'envoi a été fait effec- tivement ; il en a reçu l'argent, et il le doit encore au cordonnier.

J'ai ouï dire à un procureur du Chàtelet qu'il n'y avait pas de semaine qu'on n'appelât à l'audience quelque procès de ce Fréron, etc., etc.

NOTE.

Celui qui a daigné faire imprimer cet écrit tombé entre ses mains a voulu seulement faire rougir ceux qui ont protégé un coquin et ceux qui ont fait quelque attention à ses feuilles. Si on parle, dans l'histoire naturelle, des aigles et des rossignols, on y parle aussi des crapauds.

- Il est nécessaire que ces infamies soient constatées par le témoignage de tous ceux qui sont cités dans cet écrit; ils ne doivent pas le refuser à la vengeance publique.

1. Laporte, sans nommer Fréron, parle d'un écrivain qui « fut prié de tenir l'enfant de sa sœur sur les fonts de baptême. Il lit venir du cabaret, à crédit, le vin du repas qui devait suivre la cérémonie. Il en but trop, selon sa coutume, s'enivra, injuria les convives, et se brouilla avec l'accouchée, prétendant que c'était à elle à payer le vin. Le marchand ne veut connaître que celui qui l'a fait venir, et en exige le payement. Voilà la matière d'un procès qui dure depuis douze ans ». (B.)

— L'abbé Laporte ne valait pas mieux que Fréron, selon Grimm. C'est lui qui avait fabrique ces Anecdotes, qu'il avait remises à Thieriot, lequel les avait adres- sées à Voltaire. (G. A.)

2. Cet alinéa n'existe pas dans l'édition de 1709; il est dans celle de 1770. (B.)

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