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MÉMOIRE
SUR
UN OUVRAGE DE PHYSIQUE
DE MADAME LA MARQUISE DU CHÂTELET,

LEQUEL A CONCOURU
POUR LE PRIX DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, EN 1738[1].

Le public a vu cette année un des événements les plus honorables pour les beaux-arts. De près de trente dissertations présentées par les meilleurs philosophes de l’Europe, pour les prix que l’Académie des sciences devait distribuer l’année 1738, il n’y en eut que cinq qui concoururent, et l’une de ces cinq était d’une dame dont le haut rang est le moindre avantage.

L’Académie des sciences a jugé cette pièce digne de l’impression, et vient de la joindre à celles qui ont eu le prix. On sait que c’est en effet être couronné que d’être imprimé par ordre de cette compagnie,

Le premier prix d’éloquence qu’avait donné l’Académie française fut remporté par une personne du même sexe. Le discours sur la gloire, composé par Mlle Scudéri, sera longtemps mémorable par cette raison.

Mais on peut dire sans flatterie que l’Essai de physique de l’illustre dame dont il est ici question est autant au-dessus du discours de Mlle Scudéri que les véritables connaissances sont au-dessus de l’art de la parole, sans qu’on prétende en cela diminuer le mérite de l’éloquence.

  1. Imprimé pour la première fois dans le Mercure de juin 1739, sous le titre de : Extrait de la Dissertation de madame L. M. D. C. sur la nature du feu ; ce morceau a été réimprimé sous le titre de Mémoire, etc., dans le tome III de la Nouvelle Bibliothèque, ou Histoire littéraire (juillet 1739, pages 414-22.) (B.) — La Dissertation de Mme du Châtelet et l’Essai de Voltaire (voyez tome XXII, page 279) avaient paru dans le tome IV des Prix de l’Académie des sciences, daté de 1739.