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HISTOIRE

les araignées prennent les mouches, et dans laquelle Cosmologie l’auteur fait ensuite entendre qu’il n’y a d’autre preuve de l’existence de Dieu que dans Z égal à B C, divisé par A plus B[1]. Or ces caractères étant tirés du Grimoire, et visiblement diaboliques, nous les déclarons attentatoires à l’autorité du saint-siége.

Et comme, selon l’usage, nous n’entendons pas un mot aux matières qu’on nomme de physique, mathématique, dynamique, métaphysique, etc., nous avons enjoint aux révérends professeurs de philosophie du collége de la Sapience d’examiner les Œuvres et les Lettres[2] du jeune inconnu, et de nous en rendre un compte fidèle. Ainsi Dieu leur soit en aide.

Jugement des professeurs du collége de la Sapience.

1° Nous déclarons que les lois sur le choc des corps parfaitement durs sont puériles et imaginaires, attendu[3] qu’il n’y a aucun corps connu parfaitement dur, mais bien des esprits durs sur lesquels nous avons en vain tâché d’opérer.

2° L’assertion que « le produit de l’espace par la vitesse est toujours un minimum[4] » nous a semblé fausse : car ce produit est quelquefois un maximum, comme Leibnitz le pensait, et comme il est prouvé. Il paraît que le jeune auteur n’a pris que la moitié de l’idée de Leibnitz ; et en cela nous le justifions de n’avoir eu jamais une idée de Leibnitz tout entière.

3° Nous adhérons en outre à la censure que monsignor Akakia, médecin du pape, et tant d’autres, ont faite des œuvres du jeune pseudonyme, et surtout de la Vénus physique[5]. Nous conseillons au jeune auteur, quand il procédera avec sa femme (s’il en a une) à l’œuvre de la génération, de ne plus penser que l’enfant se forme dans l’utérus par le moyen de l’attraction ; et

  1. Page 45. (Note de Voltaire.)
  2. Je n’ai pu me procurer, des Lettres de Maupertuis, que les éditions de 1752 et 1753 ; de la Vénus physique, que l’édition de 1745 ; et j’avoue ne pas avoir trouvé textuellement tous les passages cités par Voltaire ; l’édition dont il cite les pages, sans en donner la date, est, pour le chiffre des pages, toute différente de celles que j’ai vues ; maison a vu (page 563, note 3) que Maupertuis a corrigé ses ouvrages d’après les reproches de Voltaire ; et il n’y a rien à conclure contre ce dernier de ce que je n’ai pas toujours trouvé dans les éditions que j’ai sous les yeux toutes les citations qu’il fait ; celles que je n’ai pas trouvées sont, au reste, en bien petit nombre. (B.)
  3. Page 44. (Note de Voltaire.)
  4. Page 4. (id.)
  5. Page 248. (id.)