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ET DU PEUPLE.

Dans les États les plus mixtes, la puissance résulte du consentement de plusieurs ordres, et alors elle acquiert son unité, sans laquelle tout est confusion.

Dans un État quelconque, le plus grand malheur est que l’autorité législative soit combattue. Les années heureuses de la monarchie ont été les dernières de Henri IV, celles de Louis XIV et de Louis XV, quand ces rois ont gouverné par eux-mêmes.

Il ne doit pas y avoir deux puissances dans un État.

On abuse de la distinction entre puissance spirituelle et puissance temporelle ; dans ma maison, reconnaît-on deux maîtres : moi, qui suis le père de famille, et le précepteur de mes enfants, à qui je donne des gages ?

Je veux qu’on ait de très-grands égards pour le précepteur de mes enfants, mais je ne veux point du tout qu’il ait la moindre autorité dans ma maison.

Il y a en Europe quatre grands États, sans compter l’Italie, qui sont de la communion romaine : la France, les Espagnes, la moitié de l’Allemagne, la Pologne. Dans les Espagnes, le gouvernement s’accommode avec le pape pour imposer des taxes sur le clergé. L’impératrice reine de Hongrie en use de même : elle a obtenu, dans la dernière guerre[1], la permission de prendre l’argenterie des églises[2]. En Pologne, l’armée de la couronne vit quelquefois à discrétion sur les terres du clergé, parce que le clergé paye trop peu à la république.

En France, où la raison se perfectionne tous les jours, cette raison nous apprend que l’Église doit contribuer aux charges de l’État à proportion de ses revenus, et que le corps destiné particulièrement à enseigner la justice doit commencer par en donner l’exemple.

    rences ecclésiastiques de madame de…., ou, si l’on veut, la Voix de la femme, in-12 de 23 pages.

    XV. Recueil des Voix pour et contre les immunités du clergé, 1750, in-12 de 126 pages, contenant la Voix du sage, et les nos VI, VIII, IX, X, et en outre une Lettre d’un Turc sur les difficultés de la langue française, mais relative au clergé.

    La Bibliothèque historique de la France, sous le n° 7414, mentionne les Voix intervenantes. Je ne sais si c’est le volume dont je viens de parler, ou un autre. Voltaire, dans une lettre à Richelieu du mois d’auguste 1750, parle de la Voix du laïque : c’est peut-être un titre imaginé.

    Je n’ai pas voulu donner la liste de tous les écrits qui parurent alors sur les immunités ecclésiastiques, mais seulement de ceux qu’a fait naître la Voix du sage et la voix du peuple. (B.)

  1. La guerre de 1741 ; voyez la note, page 476.
  2. Son successeur vient de faire les réformes les plus utiles dans le clergé de ses États, sans en avoir demandé la permission à personne. (K.) — C’est de Joseph II que parlent les éditeurs de Kehl.