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OPÉRA.

                 Qu’avec toi ton dieu périsse,
Et qu’il soit, comme toi, méprisé pour jamais !

samson.

Tu m’inspires enfin ; c’est sur toi que je fonde
                      Mes superbes desseins :
              Tu m’inspires ; ton bras seconde
                      Mes languissantes mains.

le roi.

              Vil esclave, qu’oses-tu dire ?
              Prêt à mourir dans les tourments,
Peux-tu bien menacer ce formidable empire
                      À tes derniers moments ?
                      Qu’on l’immole ; il est temps.
                 Frappez ; il faut qu’il expire.

samson.

              Arrêtez ; je dois vous instruire
Des secrets de mon peuple et du dieu que je sers :
Ce moment doit servir d’exemple à l’univers.

le roi.

                 Parle, apprends-nous tous les crimes,
              Livre-nous toutes nos victimes.

samson.

              Roi, commande que les Hébreux
Sortent de ta présence et de ce temple affreux.

le roi.

Tu seras satisfait.

samson.

                             La cour qui t’environne,
Tes prêtres, tes guerriers, sont-ils autour de toi ?

le roi.

              Ils y sont tous ; explique-toi.

samson.

              Suis-je auprès de cette colonne
Qui soutient ce séjour si cher aux Philistins ?

le roi.

              Oui, tu la touches de tes mains.

samson, ébranlant les colonnes.

       Temple odieux, que tes murs se renversent ;
                 Que tes débris se dispersent
              Sur moi, sur ce peuple en fureur !

chœur.

Tout tombe ! tout périt ! ô ciel ! ô dieu vengeur !

samson.

J’ai réparé ma honte, et j’expire en vainqueur.