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SOMMAIRES DES PIÈCES DE MOLIÈRE.



GEORGE DANDIN, OU LE MARI CONFONDU,


Comédie en prose et en trois actes, représentée à Versailles le 15 de juillet[1] 1668,
et à Paris le 9 de novembre suivant.


On ne connaît et on ne joue cette pièce que sous le nom de George Dandin ; et, au contraire, le Cocu imaginaire, qu’on avait intitulé et affiché Sganarelle, n’est plus connu que sous le nom de Cocu imaginaire, peut-être parce que ce dernier titre est plus plaisant que celui du Mari confondu. George Dandin réussit pleinement ; mais si on ne reprocha rien à la conduite et au style, on se souleva un peu contre le sujet même de la pièce : quelques personnes se révoltèrent contre une comédie dans laquelle une femme mariée donne un rendez-vous à son amant. Elles pouvaient considérer que la coquetterie de cette femme n’est que la punition de la sottise que fait George Dandin d’épouser la fille d’un gentilhomme ridicule.


L’IMPOSTEUR, OU LE TARTUFFE,


Joué sans interruption en public, le 5 février 1669.


On sait toutes les traverses que cet admirable ouvrage essuya. On en voit le détail dans la préface de l’auteur, au devant du Tartuffe. Les trois premiers actes avaient été représentés à Versailles, devant le roi, le 12 mai 1664. Ce n’était pas la première fois que Louis XIV, qui sentait le prix des ouvrages de Molière, avait voulu les voir avant qu’ils fussent achevés ; il fut fort content de ce commencement, et par conséquent la cour le fut aussi.

Il fut joué, le 29 novembre de la même année, au Raincy, devant le grand Condé. Dès lors les rivaux se réveillèrent ; les dévots commencèrent à faire du bruit ; les faux zélés (l’espèce d’hommes la plus dangereuse) crièrent contre Molière, et séduisirent même quelques gens de bien. Molière, voyant tant d’ennemis qui allaient attaquer sa personne encore plus que sa pièce, voulut laisser ces premières fureurs se calmer : il fut un an sans donner le Tartuffe ; il le lisait seulement dans quelques maisons choisies, où la superstition ne dominait pas.

Molière, ayant opposé la protection et le zèle de ses amis aux cabales naissantes de ses ennemis, obtint du roi une permission

  1. Le 18 juillet.