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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

ces lettres avaient été imprimées à Rouen, chez Claude-François Jore ; c’est ce que dit formellement ce libraire dans le Mémoire qu’il eut, en 1736, la faiblesse de signer, et qu’il appela depuis, lui-même, factum odieux[1] : ce qui n’empêcha pas les éditeurs du Voltariana[2] de le comprendre dans leur infâme collection.

Des cinq éditions datées de 1734, que j’ai vues, quatre ne contiennent que vingt-cinq Lettres. Je serais tenté de croire que l’édition in-12 en 387 pages est la première qui ait été, non publiée, mais imprimée. D’abord c’est celle qui a le plus grand nombre de pages : et l’on apporte en général un peu d’économie dans les réimpressions ou contrefaçons. En second lieu, quoique la pagination soit une pour tout le volume, j’ai remarqué qu’au bas de la vingt-quatrième lettre on lit le mot fin, et que la vingt-cinquième est imprimée avec des caractères plus gros. L’édition in-8o présente une autre particularité ; c’est qu’après les 126 premières pages qui contiennent les vingt-quatre Lettres, on trouve la vingt-cinquième avec une pagination particulière de 1 à 137. L’édition in-12 de 304 pages contient vingt-cinq Lettres. Dans ces trois éditions les vingt-quatre premières Lettres roulent sur les Anglais ; la vingt-cinquième est consacrée à l’examen de quelques Pensées de Pascal. L’édition de Bâle (Londres), in-8o, renferme aussi vingt-cinq Lettres, dont les vingt-quatre sur les Anglais, et une sur l’Incendie d’Aliéna, qui est relative à un passage de l’Histoire de Charles XII. (Voyez cette Lettre, page 71.) Enfin dans l’édition in-12 de 190 pages, à la suite des vingt-quatre premières, on retrouve et celle sur les Pensées de Pascal, et celle sur l’Incendie d’Altena. Cette réunion n’indique-t-elle pas clairement qu’elle est postérieure aux autres ?

Je passe sous silence les éditions de 1735 et des années suivantes, qui ne présentent rien de remarquable. Mais je dois encore parler d'un volume in-12, intitulé Lettres de M.  de V*** avec plusieurs pièces de différents auteurs, à La Haye, Poppy, 1738, in-12, en tête duquel on trouve une pièce

    guement de ces lettres dans le Pour et le Contre, tome Ier, pages 241, 273, 297, d’après une traduction anglaise qu’il attribue à M.  Lockmann, en cite le titre : Letters concerning the english nation, by M.  de Voltaire, in-8o. L’abbé Prévost, qui avait eu une copie des lettres en français, reproche quelques erreurs au traducteur, et dit qu’on trouve à la fin du volume une vingt-cinquième lettre (celle sur l’Incendie d’Altona) qui n’a point de liaison avec l’ouvrage. Cette édition anglaise serait donc autre que celle que donna Thieriot, sans doute sur ou d’après les originaux qui avaient été écrits en anglais par l’auteur, et doit être celle qui porte l’adresse de Davis et Lyon, 1733, in-8o de 153 pages, plus les titre, préface, table des lettres et table des matières ; elle a été réimprimée en 1778, in-12. Cette dernière édition ne contient toutefois que les vingt-quatre lettres sur les Anglais.

  1. Voyez, tome Ier de la présente édition, la lettre de Jore, du 20 décembre 1738, parmi les pièces justificatives, à la suite de la Vie de Voltaire.
  2. Voltariana, ou Éloges amphigouriques de F. Marie Arouet, 1748, in-8o. Je crois, avec M.  Leschevin, que les éditeurs de cette turpitude littéraire pourraient fort bien être Travenol fils et Mannory. Saint-Hyacinthe, à qui on l’a souvent attribuée, était mort en Hollande deux ans avant la publication qu’on en fit.