Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/586

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
568
TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII.

Elle a une révolution qui s’achève en neuf années : c’est la révolution de ses apsides. Les apsides sont les points de plus grande distance d’une planète au centre de sa révolution : c’est dans la lune l’apogée et le périgée. L’apogée est le point le plus éloigné de la terre, le périgée est le plus près. La ligne qui traverse ces points est la ligne des apsides de la lune, qui a un mouvement de près de neuf années d’occident en orient, de sorte qu’au bout de neuf années L’éloignement de la lune à la terre est le même.

Sa plus grande révolution est un autre mouvement de dix-neuf années. Cette période de dix-neuf années est ce qu’on nomme le cycle lunaire. Il se fait d’orient en occident sur les pôles de la lune, de sorte que les nœuds de la lune changent sans cesse, et se retrouvent les mêmes au bout de dix-neuf années[1]. Ces nœuds de la lune sont les points auxquels l’orbe qu’elle décrit autour de la terre coupent l’écliptique de la terre ; ce mouvement des nœuds de ces orbes se fait d’orient en occident, de même que la précession des équinoxes.

Nous pouvons donc considérer cinq révolutions dans la lune : 1° celle de ses nœuds en dix-neuf ans ; 2° celle des apsides en neuf ans ; 3° celle de son année autour du soleil en 354 jours ; 4° celle de son mouvement autour de la terre en 27 jours et demi, mouvement qui doit être regardé comme le même avec celui du mois synodique en 29 jours et demi, puisque l’un ne diffère de l’autre que par le temps ; 5° la rotation sur son axe, qui s’accomplit dans le même temps qu’elle tourne autour de la terre.

La lune a accéléré insensiblement son mouvement moyen autour de la terre, si l’on en croit le philosophe Halley, qui, ayant comparé les plus anciennes observations que nous ayons des éclipses de lune avec les dernières, a trouvé que la lune, depuis le temps de ces premières observations, a augmenté la rapidité de son cours.

La lune est environ cinquante fois moins grosse que notre terre, et cinquante millions moins que le soleil ; la matière de la lune est environ un cinquième plus dense, plus compacte que celle de la terre[2], et environ cinq fois plus que celle du soleil ; et ainsi le soleil, qui la surpasse 50 millions de fois en grosseur, ne

  1. Voltaire confondait ici le cycle qui ramène les phases de la lune aux mêmes jours de l’année avec le mouvement rétrograde des nœuds de son orbite, qui en est tout à fait distinct. (B.)
  2. Des calculs faits avant 1756 ont établi, au contraire, que la densité de la lune était inférieure à celle de la terre à peu près dans la proportion de 7 à 10. (B.)