Descartes suppose un amas immense de particules insensibles, qui emporte la terre d’un mouvement rapide d’occident en orient, et qui, d’un pôle à l’autre, se meut parallèlement à l’équateur ; ce tourbillon, qui s’étend au delà de la lune et qui entraîne la lune dans son cours, est lui-même enchâssé dans un autre tourbillon plus vaste encore, qui touche à un autre tourbillon sans se confondre avec lui, etc.
1° Si cela était, le tourbillon qui est supposé se mouvoir autour de la terre d’occident en orient devrait chasser les corps sur la terre, d’occident en orient ; or, les corps en tombant décrivent tous une ligne qui, étant prolongée, passerait à peu près par le centre de la terre : donc ce tourbillon n’existe pas.
2° Si les cercles de ce prétendu tourbillon se mouvaient et agissaient parallèlement à l’équateur, tous les corps devraient tomber chacun perpendiculairement sous le cercle[1] de cette matière subtile auquel il répond : un corps en A près du pôle P (figure 45) devrait, selon Descartes, tomber en R.
Mais il tombe à peu près selon la ligne A B, ce qui fait une différence d’environ 1,400 lieues, car on peut compter 1,400 lieues communes de France du point R à l’équateur de la terre B : donc ce tourbillon n’existe pas.
3° Si, pour soutenir ce roman des tourbillons, on se plaît encore à supposer qu’un fluide qui tourbillonne ne tourne point sur son axe ; si on imagine qu’il peut tourner dans des cercles qui tous auront pour centre le centre du tourbillon même ; il n’y a qu’à faire l’expérience d’une goutte d’huile ou d’une grosse bulle d’air enfermée dans une boule de cristal pleine d’eau : faites tourner la boule sur son axe, vous verrez cette huile ou cet air s’arranger en cylindre au milieu de la boule, et faire un axe d’un pôle à l’autre ; car toute expérience comme tout raisonnement ruine les tourbillons.
4° Si ce tourbillon de matière autour de la terre, et ces autres prétendus tourbillons autour de Jupiter et de Saturne, etc., exis-
- ↑ Ou plutôt, perpendiculairement à l’axe de rotation, ou au centre du cercle décrit. (D.)