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DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX.

Cette théorie est encore confirmée par une autre observation. La lune paraît considérablement plus grande en certains temps de l’année qu’en d’autres ; le soleil paraît aussi plus grand en hiver qu’en été ; et les différences de cette grandeur apparente étant plus sensibles vers l’horizon qu’au méridien, elles sont plus aisément remarquées, La raison de cette augmentation de grandeur, c’est que quand le diamètre de la lune et du soleil paraissent plus grands, ces astres sont en effet plus près de nous : le soleil est plus près de la terre en hiver qu’en été, d’environ douze cent mille lieues : ainsi en hiver il paraît plus grand ; mais cette largeur de son disque est un peu diminuée par les réfractions de l’air épais : la lune en été est dans son périgée ; ainsi elle paraît sous un plus grand diamètre, et la largeur de son disque à l’horizon est encore moins diminuée en été qu’en hiver, parce que l’air, dans l’été, est plus subtil et plus rare.

Ce phénomène est donc entièrement du ressort de la géométrie et de l’optique, et le docteur Smith a la gloire d’avoir enfin trouvé la solution du problème sur lequel les plus grands génies avaient fait des systèmes inutiles[1].


CHAPITRE IX.
De la cause qui fait briser les rayons de la lumière en passant d’une substance dans une autre ; que cette cause est une loi générale de la nature inconnue avant Newton ; que l’inflexion de la lumière est encore un effet de cette cause, etc. — Ce que c’est que réfraction. Proportion des réfractions trouvée par Snellius. Ce que c’est que sinus de réfraction. Grande découverte de Newton. Lumière brisée avant d’entrer dans les corps. Examen de l’attraction. Il faut examiner l’attraction avant que de se révolter contre ce mot. Impulsion et attraction également certaines et inconnues. En quoi l’attraction est une qualité occulte. Preuves de l’attraction. Inflexion de la lumière auprès des corps qui l’attirent.


Nous avons déjà vu l’artifice presque incompréhensible de la réflexion de la lumière, que l’impulsion connue ne peut causer.

  1. Cette solution de Smith revient exactement à celle du P. Malebranche, puisque dans les deux opinions nous ne voyons les astres plus grands à l’horizon que parce que nous les jugeons plus éloignés. Ces deux philosophes ne diffèrent que dans la manière d’expliquer pourquoi nous jugeons plus éloignés les astres placés à l’horizon ; mais ils se rapprochent encore beaucoup. Malebranche paraît regarder comme la cause immédiate de ce jugement les objets interposés dans le plan de l’horizon. Selon Smith, ces objets interposés nous ont accoutumés à juger la voûte du ciel comme si elle était surbaissée, et cette apparence est la cause immédiate du jugement que nous formons sur la grandeur des astres. (K.)