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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

Les suppressions ne furent pas moins considérables, lorsqu’en 1756 Voltaire revit encore son livre pour la première édition que les frères Cramer publièrent de la Collection de ses Œuvres. Cette édition fut augmentée, dans la première partie, du chapitre intitulé Doutes sur la liberté qu’on nomme d’indifférence. Mais on n’y trouve plus les chapitres xii, xiii et xiv de la troisième partie, ce qui rend incomplète la théorie du système planétaire.

M. Lacroix, membre de l’Institut, aux lumières de qui j’ai eu recours, pense que les chapitres supprimés contenant quelques erreurs assez graves (j’en ai signalé deux dans le chapitre xii), et beaucoup de nombres que les découvertes des astronomes et des géomètres avaient considérablement changés, l’auteur aima mieux ôter ces chapitres que de les corriger ou les refaire. Les travaux d’Euler, de d’Alembert et de Clairaut ayant déjà perfectionné la théorie de Newton et répandu sa philosophie, Voltaire ne dut plus mettre le même intérêt à des détails arides, devenus tout à fait étrangers à ses habitudes ; et il semble l’indiquer assez nettement dans ce passage qui remplaça, en 1756, les chapitres supprimés :

« On ne poussera pas ici plus loin les recherches sur la gravitation. Cette doctrine était encore toute nouvelle quand l’auteur l’exposa en 1736. Elle ne l’est plus, il faut se conformer au temps. Plus les hommes sont devenus éclairés, moins il faut écrire. »

J’ai cru nécessaire de rapporter ce passage, que j’ai cependant conservé en variantes dans ma note à la fin du chapitre xi de la troisième partie.

À l’exemple de quelques éditeurs récents[1], j’ai toutefois reproduit les trois chapitres supprimés en 1756. Mon travail diffère du leur principalement en ce qu’au lieu d’amalgamer les chapitres des diverses éditions, je m’en suis tenu pour le texte uniquement à l’édition de 1748. C’est en notes ou variantes que j’ai donné ce qui appartient aux éditions de 1738, 1741 et 1756. Les chapitres de 1741, mis en variantes à la fin du chapitre ix de la troisième partie, n’avaient été recueillis par aucun éditeur.

B.
Paris, 9 janvier 1830.

  1. L’édition de M. A.-A. Renouard est la première qui, en 1819, redonne ces chapitres.