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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

On doit regarder cet ouvrage comme un exposé des principales découvertes de Newton, très-clair et très-suffisant pour ceux qui ne veulent pas suivre des démonstrations et des détails d’expérience.

Lorsqu’il parut, il était utile aux savants mêmes ; il n’existait encore nulle part un tableau aussi précis de ces découvertes importantes ; la plupart des physiciens les combattaient sans les connaître. Voltaire a contribué plus que personne à la chute du cartésianisme dans les écoles, en rendant populaires les vérités nouvelles qui avaient détruit les erreurs de Descartes : et quand l’auteur d’Alzire daignait faire un livre élémentaire de physique, il avait droit à la reconnaissance de son pays, qu’il éclairait ; à celle des savants, qui ne devaient voir dans cet ouvrage qu’un hommage rendu aux sciences et à leur utilité par le premier homme de la littérature.

La réponse à quelques objections faites contre la Philosophie de Newton[1] prouve combien alors la philosophie de Newton était peu connue, et par conséquent combien l’entreprise de Voltaire était utile. Nous remarquerons que, dans la vieillesse de Voltaire et après sa mort, on a répété les mêmes objections : tant il est vrai qu’il n’avait plus alors pour ennemis que des hommes bien au-dessous de leur siècle.


AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

La première publication des Éléments de la philosophie de Newton remonte au mois d’avril 1738 ; et l’on voit par la correspondance de Voltaire que ce fut à l’insu de l’auteur[2]. Ce fut quelques mois plus tard que parut la réimpression faite sous les yeux de l’auteur. Mais ce qui fut publié alors n’était qu’une partie de l’ouvrage tel qu’il est aujourd’hui. D’autres parties ne parurent qu’en 1740 et 1741.

Voltaire, réfugié en Hollande en 1736, y remit au libraire Lodet les premiers chapitres des Éléments de la philosophie de Newton. Il partit de Hollande sans avoir donné la fin du manuscrit. Le libraire fit achever l’ouvrage par un mathématicien du pays, et mit en vente le volume contenant vingt-cinq chapitres, après avoir ajouté au titre donné par Voltaire ces mots : Mis à la portée de tout le monde, qui donnèrent lieu à une mauvaise plaisanterie. On disait qu’il y avait dans le titre une faute d’impression, et qu’il fallait lire : Mis à la porte de tout le monde[3].

  1. Voir plus loin, année 1739.
  2. Voyez aussi, page 267, les Éclaircissements ; et page 389, le Mémoire envoyé au Journal des Savants.
  3. C’est Mme  du Châtelet qui, dans sa lettre à Maupertuis du 9 mai 1738, accuse le libraire hollandais d’avoir fait des additions au titre. Mais il est bon de remarquer que dans sa lettre à d’Argens, du 19 novembre 1736, Voltaire dit, à propos de la Philosophie de Newton, l’avoir mise à portée du public.