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XI
AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

est dirigé contre Fontenelle ; mais il ne parle pas de la date de la publication. J’ai donc conservé celle que donnent les éditions de Kehl. Il existe cependant de Micromégas une édition portant la date de 1750. Cette date est-elle authentique ? je n’oserais l’affirmer ; loin de là. J’ai donc suivi les éditions de Kehl, où Micromégas est précédé de l’avertissement que voici :


Ce roman peut être regardé comme une imitation d’un des voyages de Gulliver. Il contient plusieurs allusions. Le nain de Saturne est M. de Fontenelle. Malgré sa douceur, sa circonspection, sa philosophie, qui devait lui faire aimer celle de M. de Voltaire, il s’était lié avec les ennemis de ce grand homme, et avait paru partager, sinon leur haine, du moins leurs préventions. Il fut fort blessé du rôle qu’il jouait dans ce roman, et d’autant plus peut-être que la critique était juste, quoique sévère, et que les éloges qui s’y mêlaient y donnaient encore plus de poids. Le mot qui termine l’ouvrage n’adoucit point la blessure, et le bien qu’on dit du secrétaire de l’Académie de Paris ne consola point M. de Fontenelle des plaisanteries qu’on se permettait sur celui de l’académie de Saturne.


1756.

Les Deux Consolés.
Histoire des Voyages de Scarmentado.
Le Songe de Platon.


Le prospectus des frères Cramer, pour leur édition de 1756, comprend ces trois romans au nombre des morceaux neufs qu’ils allaient publier.

Cependant la table chronologique qui est dans le tome LXX de l’édition in-8o de Kehl range les Voyages de Scarmentado à l’année 1747. Longchamp[1] dit qu’ils furent composés en 1746, avec plusieurs autres romans, pendant la retraite de Voltaire à Sceaux. S’il fallait en croire Colini[2], Voltaire aurait écrit les Voyages de Scarmentado après l’aventure de Francfort, en 1753. « Encore froissé des injustices qu’il venait d’éprouver, il composa les Voyages de Scarmentado, conte ingénieux qui renferme des allusions visiblement applicables aux événements dans lesquels il avait figuré. » C’est au lecteur à prononcer si ce roman contient les allusions dont parle Colini. Pour moi, je ne les y ai point aperçues.

Une édition de la Princesse de Babylone, qui parut en 1768, est présentée comme une Suite des Voyages de Scarmentado.


Le Songe de Platon a été réimprimé dans le volume intitulé le Secret de l’Église trahi, ou le Catéchumène, ouvrage peu connu, d’un des plus grands philosophes de nos jours, an III (de la République), in-18 de cent huit pages. Les pages 100 à 108 contiennent le Songe de Platon, du même auteur. Les deux ouvrages cependant ne sont pas de la même main. Le Secret de l’Église n’est autre que le Catéchumène, 1768, réimprimé aussi sous le titre de l’Américain sensé par hasard. Le Catéchumène a été

  1. Mémoires, etc., page 140.
  2. Mon Séjour, etc., page 61.