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VIII
AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

III. Nouvelle Vision de Babouc, ou la Perse comme elle va, 1796, in-8o, de cent douze pages, contenant seulement la première partie, et l’annonce de la seconde. Je ne crois pas que la seconde partie ait paru. L’auteur s’appelait Bunel.


Les éditeurs de Kehl, qui les premiers comprirent le Crocheteur borgne dans les Œuvres de Voltaire, mirent en note :


Ce conte, ainsi que le suivant, n’a jamais été imprimé. M. de Voltaire attachait peu de prix à ces amusements de société. Il sentait très-bien que le plus joli roman ne pourrait jamais être ni aussi curieux, ni aussi instructif pour les hommes éclairés que le texte même de la Cité de Dieu d’où il avait tiré Cosi-Sancta. Quant au Crocheteur borgne, c’est le même sujet que celui du conte intitulé le Blanc et le Noir. L’idée est prise des contes orientaux, où l’on voit souvent ainsi tantôt un rêve pris pour la réalité, tantôt des aventures réelles, mais arrangées d’une manière bizarre, prises pour un rêve par celui qui les éprouve. Le but de ces contes est de montrer que la vie ne diffère point d’un songe un peu suivi ; ils conviennent à des peuples dont le repos est le plus grand des biens, et qui cherchent dans la philosophie des motifs de ne point agir, et de s’abandonner aux événements. Ces deux petits romans sont de la jeunesse de M. de Voltaire, et fort antérieurs à ce qu’il a fait depuis dans ce genre.


Mais dans l’errata mis à la fin du tome LXX de leur collection, ces éditeurs disaient :


Nous avons reconnu que le roman intitulé le Crocheteur borgne, donné par un homme en place comme une production de Voltaire, est de M. Bordes, de Lyon. On l’avait aussi faussement attribué à M. de Boufflers.


J’ai déjà dit que cet errata de l’édition de Kehl était l’ouvrage de M. Decroix ; je tiens de ce même M. Decroix la note que voici :


Dans l’édition de Kehl, tome LXX, page 544, on a dit que le roman intitulé le Crocheteur borgne est de M. Bordes, de Lyon. Des recherches ultérieures nous ont persuadés qu’il n’est pas de lui. Imprimé en 1784 sous le nom de Voltaire, dans l’édition de Kehl, il ne fut point revendiqué par les héritiers de M. Bordes, ni joint à l’édition de ses œuvres complètes, qu’ils publièrent à Lyon, en quatre volumes, 1783. Il ne le fut pas davantage par M. le chevalier de Boufflers, à qui on l’avait aussi attribué, ni par d’autres gens de lettres. D’un autre côté, on n’a trouvé aucune trace de cet ouvrage dans les écrits de M. de Voltaire. La copie en avait été donnée à feu M. Panckoucke, par une personne qui ne s’est point nommée. On voit que l’auteur anonyme a tâché d’y prendre la manière d’un grand peintre, et son petit tableau est en général fort agréable ; mais on y découvre certaine affectation dans le style et quelques disparates qui ne sauraient appartenir à l’auteur de Candide et de Zadig.


Cependant le Crocheteur borgne avait été imprimé dès 1774, c’est-à-dire du vivant de l’auteur, dans le Journal des dames, de mars 1774, pages 11-24. Mme de Princen (depuis Mme de Montanclos), éditeur de ce journal, l’avait fait précéder de la note que voici :


J’insère ici un petit conte qui est l’ouvrage d’un homme très-célèbre, qui ne l’a jamais fait imprimer. Il fut fait dans la société d’une princesse qui réunissait