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PAUL.

« Vous avez rendu Jésus de peu inférieur aux anges en le couronnant de gloire[1]. »

S’il est inférieur aux anges, est-il Dieu ?

« Si par le délit d’un seul plusieurs sont morts[2], la grâce et le don de Dieu ont plus abondé par la grâce d’un seul homme, qui est Jésus-Christ. »

Pourquoi l’appeler toujours homme, et jamais Dieu ?

« Si à cause du péché d’un seul homme la mort a régné, l’abondance de grâce régnera bien davantage par un seul homme, qui est Jésus-Christ. »

Toujours homme, jamais Dieu, excepté un seul endroit contesté par Érasme, par Grotius, par Leclerc, etc.

« Nous sommes enfants de Dieu[3], et cohéritiers de Jésus-Christ. »

N’est-ce pas toujours regarder Jésus comme l’un de nous, quoique supérieur à nous par les grâces de Dieu ?

« À Dieu seul sage, honneur et gloire par Jésus-Christ. »

Ce mot Dieu seul ne semble-t-il pas exclure Jésus de la Divinité ?

Comment entendre tous ces passages à la lettre sans craindre d’offenser Jésus-Christ ? Comment les entendre dans un sens plus relevé sans craindre d’offenser Dieu le père ?

Il y en a plusieurs de cette espèce qui ont exercé l’esprit des savants. Les commentateurs se sont combattus ; et nous ne prétendons pas porter la lumière où ils ont laissé l’obscurité. Nous nous soumettons toujours de cœur et de bouche à la décision de l’Église.

Nous avons eu aussi quelque peine à bien pénétrer les passages suivants :

« Votre circoncision profite si vous observez la loi juive[4] ; mais si vous êtes prévaricateurs de la loi, votre circoncision devient prépuce.

« Or nous savons que tout ce que la loi dit à ceux qui sont dans la loi, elle le dit afin que toute bouche soit obstruée[5], et que tout le monde soit soumis à Dieu parce que toute chair ne sera pas justifiée devant lui par les œuvres de la loi, car par la loi vient la connaissance du péché. Car un seul Dieu justifie la circoncision

  1. Aux Hébreux, chapitre ii. (Note de Voltaire.)
  2. Aux Romains, chapitre v. (Id.)
  3. Ibid., chapitre viii, v. 17. (Id.)
  4. Épître aux Juifs de Rome, appelés les Romains, chapitre ii. (Id.)
  5. Chapitre iii. (Id.)