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PAUL.


qui voudrait que sa patrie ne fût jamais ni plus grande, ni plus petite, ni plus riche, ni plus pauvre, serait le citoyen de l’univers[1].


PAUL.
SECTION PREMIÈRE[2].
QUESTIONS SUR PAUL.

Paul était-il citoyen romain comme il s’en vante ? S’il était de Tarsis en Cilicie, Tarsis ne fut colonie romaine que cent ans après lui ; tous les antiquaires en sont d’accord. S’il était de la petite ville ou bourgade de discale, comme saint Jérôme l’a cru[3], cette ville était dans la Galilée ; et certainement les Galiléens n’étaient pas citoyens romains.

Est-il vrai que Paul n’entra dans la société naissante des chrétiens, qui étaient alors demi-juifs, que parce que Gamaliel, dont il avait été le disciple, lui refusa sa fille en mariage ? Il me semble que cette accusation ne se trouve que dans les Actes des apôtres reçus par les ébionites, actes rapportés et réfutés par l’évêque Épiphane, dans son xxxe chapitre.

Est-il vrai que sainte Thècle vint trouver saint Paul, déguisée en homme ? Et les Actes de sainte Thècle sont-ils recevables ? Tertullien, dans son livre du baptême, chapitre xviie, tient que cette histoire fut écrite par un prêtre attaché à Paul. Jérôme, Cyprien, en réfutant la fable du lion baptisé par sainte Thècle, affirment la vérité de ces Actes. C’est là que se trouve un portrait de saint Paul qui est assez singulier : « Il était gros, court, large d’épaules ; ses sourcils noirs se joignaient sur son nez aquilin, ses jambes étaient crochues, sa tête chauve, et il était rempli de la grâce du Seigneur. »

C’est à peu près ainsi qu’il est dépeint dans le Philopatris de Lucien, à la grâce du Seigneur près, dont Lucien n’avait malheureusement aucune connaissance.

  1. Un pays peut augmenter sa richesse réelle, sans diminuer et même en augmentant celle de ses voisins. Il en est de même du bonheur public : celui d’une nation ne se fait point aux dépens du bonheur d’une autre. Il n’en est pas ainsi de la puissance ; mais aussi aucune nation n’est intéressée à augmenter la sienne au delà de ce qui est nécessaire à sa sûreté. (K.)
  2. Cette section faisait tout l’article dans le Dictionnaire philosophique, en 1765. (B.)
  3. Voyez tome XVII, page 329.