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ACTE III, SCÈNE VI.




Scène VI.

ZAÏRE, OROSMANE.
Orosmane.

Paraissez, tout est prêt, et l’ardeur qui m’anime
Ne souffre plus, madame, aucun retardement ;
Les flambeaux de l’hymen brillent pour votre amant :
Les parfums de l’encens remplissent la mosquée ;
Du dieu de Mahomet la puissance invoquée
Confirme mes serments et préside à mes feux.
Mon peuple prosterné pour vous offre ses vœux :
Tout tombe à vos genoux ; vos superbes rivales.
Qui disputaient mon cœur, et marchaient vos égales,
Heureuses de vous suivre et de vous obéir,
Devant vos volontés vont apprendre à fléchir.
Le trône, les festins, et la cérémonie,
Tout est prêt : commencez le bonheur de ma vie.

Zaïre.

Où suis-je, malheureuse ? ô tendresse ! ô douleur !

Orosmane.

Venez.

Zaïre.

Où me cacher ?

Orosmane.

Que dites-vous ?

Zaïre.

Seigneur !

Orosmane.

Donnez-moi votre main ; daignez, belle Zaïre…

Zaïre.

Dieu de mon père, hélas ! que pourrai-je lui dire ?

Orosmane.

Que j’aime à triompher de ce tendre embarras !
Qu’il redouble ma flamme et mon bonheur !

Zaïre.

Hélas !

Orosmane.

Ce trouble à mes désirs vous rend encor plus chère ;
D’une vertu modeste il est le caractère.