Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/479

Cette page n’a pas encore été corrigée

1)1 SCO L’ H s. .i.j9

Et que \()trc raison se rainrnc à des fal)les Que Sopliocle et la (Irèce ont rendu vénérables. Vous n’aurez i)oint ici ce poison si flatteur Que la main de l’Amour apprête avec douceur.

Souvent dans l’art dainier Mclixtméne a\ilie,

Farda ses nobles traits du pinceau de Thalie.

On vit des courtisans, des liéros déguisés,

Pousser de froids soupirs en madrigaux usés.

Non, ce n’est point ainsi qu’il est permis qu’on aime :

L’amour n’est excusé (pie ([iiand il est extrême.

Mais ne vous plairez-vous cpi’aux fureurs des amants,

A leurs pleurs, à leur joie, à leurs em.portements ?

N’est-il point d’autres coups pour ébranler une Ame ?

Sans les flambeaux d’amour il est des traits de flamme,

11 est des sentiments, des vertus, des mallieurs,

Qui d’un cœur élevé savent tirer des pleurs.

Aux sublimes accents des chantres de la Grèce

On s’attendrit en homme, on pleure sans faiblesse ;

iMais pour suivre les pas de ces premiers auteurs.

De ce spectacle utile illustres inventeurs,

Il faudrait pouvoir joindre, en sa fougue tragique,

L’élégance moderne avec la force antique.

D’un œil criti(iue et juste il faut s’examiner,

Se corriger cent fois, ne se rien })ardonner :

Et soi-même avec fruit se jugeant par avance,

Par ses sévérités gagner votre indulgence.