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LE CHEVALIER.

Un mari, monsieur !

LA PRÉSIDENTE.

Eh bien ! ce mari, peut-être est-il malade. Cela ne sera rien ; je le guérirai.

LE PRÉSIDENT.

Ce mari, M. du Cap-Vert, ce fameux armateur…

FANCHON.

Ah ! mon père, un corsaire ?

LE PRÉSIDENT.

C’est mon ancien ami : vous croyez bien que j’ai tiré sa nativité, il est né sous le signe des poissons. Je lui avais promis de plus Fanchon avant qu’elle fût née ; en un mot, ce qui me confond, c’est que je vois clairement que Fanchon sera mariée bientôt, et encore plus clairement que M. du Cap-Vert ne sera de retour que dans un an : il faut que vous m’aidiez à débrouiller cette difficulté.

FANCHON.

Cela me paraît très-aisé, mon père : vous verrez que je serai mariée incessamment, et que je n’épouserai pas votre marin.

LE CHEVALIER.

Autant que mes faibles lumières peuvent me faire entrevoir, mademoiselle votre fille, monsieur, raisonne en astrologue judicieuse encore plus que judiciaire ; et je crois, moi, par les aspects d’aujourd’hui, que ce forban ne sera jamais son mari.

FANCHON.

Sans avoir étudié, je l’ai deviné tout d’un coup.

LE PRÉSIDENT.

Et sur quoi pensez-vous, monsieur, que le capitaine ne sera pas mon gendre ?

LE CHEVALIER.

C’est qu’il est déjà gendre d’un autre. Ce capitaine n’est-il pas de Bayonne ?

LE PRÉSIDENT.

Oui. monsieur.

LE CHEVALIER.

Eh bien ! je suis aussi de Bayonne, moi qui vous parle.

FANCHON.

Je crois que le pays d’où vous êtes sera le pays de mon mari.

LE PRÉSIDENT.

Que fait au mariage de ma fille que vous soyez de Bayonne ou de Pampelune ?