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333 BRU TU S.

Pardonnez-nous, grands dieux, si le peuple romain

A fardé si longtemps à condamner Tarquin !

Le sang qui regorgea sous ses mains meurtrières

De notre obéissance a rom))u les barrières.

Sous un sceptre de fer tout ce peuple abattu

A force de malheurs a repris sa vertu.

Tarquin nous a remis dans nos droits légitimes ;

Le bien public est né de l’excès de ses crimes,

Et nous donuons l’exemple à ces mêmes Toscans,

S’ils pouvaient à leur tour être las des tyrans.

(Les consuls doscendont vers l’autel, et le sénat se lève.)

Mars ! dieu des héros, de Rome, et des batailles. Qui combats avec nous, qui défends ses murailles, Sur ton autel sacré. Mars, reçois nos serments Pour ce sénat, pour moi, pour tes dignes enfants. Si dans le sein de Rome il se trouvait un traître, Oui regrettât les rois et qui voulût un maître. Que le perfide meure au milieu des tourments ! Que sa cendre coupable, abandonnée aux vents, lAle laisse ici qu’un nom plus odieux encore Que le nom des tyrans que Rome entière abhorre’ !

ARONS, avançant vers l’autel.

Et moi, sur cet autel qu’ainsi vous profanez. Je jure au nom du roi que vous abandonnez, Au nom de Porsenna, vengeur de sa querelle, A vous, à vos enfants, une guerre immortelle.

(Les sénateurs font un pas vers le Capitule.)

1. Kn 1701, le lendemain delà fuite du roi, c’est-à-diro le i’ ! juin, le Club îles Corileliers allicha dans Paris la déclaration suivante :

Songez qu’au Champ de Mars, à cet autel auguste,

Louis nous a juré d’être fidèle et juste ;

Ue son peuple et do lui tel était lo lien,

Il nous rend nos serments lorsqu’il trahit le sien.

Si parmi les Français il se trouvait un traître

Qui regrettât ses rois et qui voulût un maître,

Que le perlidc meure au milieu des tourments ;

Que sa cendre coupable, abandonnée au.x vents,

Ne laisse ici qu’un nom jiliis odieux encore

Que le nom des tyrans (pie l’homme libre abliorre !

t( Les Français libres, conii)osant la société des Amis des droits de riiomme et du citoyen, le club des Cordeliers, déclarent à tous leurs concitoyens f[u’clle ren- ferme autant de tyrannicidcs que de membres, qui ont tous juré imUviituellement de poignarder les tyrans qui oseront attaquer nos frontières, ou attenter ; \ notre liberté et à notre constitution, de quelque manière que ce soit, et ont signé : Le- (jendre, président ; Co/// », Clidinpion, secrétaires. » (G. A.)