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Scène II.

Hérode, Salome, Mazael, Gardes.
MAZAEL.

Il vient : de quelle horreur il paraît agité !

SALOME.

Seigneur, votre vengeance est-elle en sûreté ?

MAZAEL.

Me préserve le ciel que ma voix téméraire,
D'un roi clément et sage irritant la colère,
Ose se faire entendre entre la reine et lui !
Mais, seigneur, contre vous Sohême est son appui.
Non, ne vous vengez point, mais veillez sur vous-même ;
Redoutez ses complots et la main de Sohême.

HÉRODE.

Ah ! je ne le crains point.

MAZAEL.

Seigneur, n'en doutez pas,
De l'adultère au meurtre il n'est souvent qu'un pas.

HÉRODE.

Que dites-vous ?

MAZAEL.

Sohême, incapable de feindre,
Fut de vos ennemis toujours le plus à craindre ;
Ceux dont il s'assura le coupable secours
Ont parlé hautement d'attenter à vos jours.

HÉRODE.

Mariamne me hait, c'est là son plus grand crime.
Ma soeur, vous approuvez la fureur qui m'anime ;
Vous voyez mes chagrins, vous en avez pitié ;
Mon coeur n'attend plus rien que de votre amitié.
Hélas ! plein d'une erreur trop fatale et trop chère,
950 Je vous sacrifiais au seul soin de lui plaire :
Je vous comptais déjà parmi mes ennemis ;
Je punissais sur vous sa haine et ses mépris.
Ah ! j'atteste à vos yeux ma tendresse outragée
Qu'avant la fin du jour vous en serez vengée ;
Je veux surtout, je veux, dans ma juste fureur,
La punir du pouvoir qu'elle avait sur mon coeur.