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D^VRTÉMIRE

ACTE PREMIER.

SCÈNE J.

ARTKMIKE. CÉPHISE.

Artémire, en proie à la plus vive doulour, ne cache point à Ccphis : i les tour- ments que lui foit éprouver l’iiumeur soupçonneuse et la cruauté de Cassandro son mari, que la guerre a éloigne d’elle, et dont It retour la fait trembler.

ARTÉMIRE.

Oui, tous ces conquérants rassemblés sur ce bord, Soldats sous Alexandre, et rois après sa mort ’, Fatigués de forfaits, et lassés de la guerre, Ont rendu le repos ({u"ils ôtaient à la terre. Je rends grâce, Céphise, à cette heureuse paix Qui, brisant tes liens, te rend à mes souhaits. Hélas ! que cette paix que la (Irèce respire Est un bien peu connu de la triste Artémire ! Cassandre… à ce nom seul, la douleur et Teffroi De mon cœur alarmé s’emparent malgré moi. ^ ainqueur des Locriens, Cassandre va paraître : Esclave en mon palais, j’attends ici mon maître ; Pardonne, je n"ai pu le nommer mon époux. Eh ! comment hii donner encore un nom si (b^ix !

1. Ce beau vers est devenu proverbo. K. — Dans Arlequin-Deucalion, Piron se moqua du poëte, qui, après un tel début, ne se soutenait pas. Il montra Arle- quin sur Pégase, essayant de gravir le Parnasse, et récitant les deux premiers vers à’ Artémire. Soudaia Arlequin trébuchait et culbutait. « Jarnidieu ! grommelait-il en se frottant l’échiné, c’est bien dommage, j’allais beau train. » On dit que Voltaire fut courroucé de cette malico ; on raconte même une anecdote à ce sujet ; mais nous pensons, comme M, G. Desnoiresterres, que Thistoire de ce beau courroux n’est qu’une fable. (G. A.)