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HOMME.

Ah ! sauvageons de l’école, vous persécutez un homme parce qu’il ne vous hait pas.

Laissons là l’école et poursuivons.

De la raison, des mains industrieuses, une tête capable de généraliser des idées, une langue assez souple pour les exprimer : ce sont là les grands bienfaits accordés par l’Être suprême à l’homme, à l’exclusion des autres animaux.

Le mâle en général vit un peu moins longtemps que la femelle.

Il est toujours plus grand, proportion gardée. L’homme de la plus haute taille a d’ordinaire deux ou trois pouces par-dessus la plus grande femme.

Sa force est presque toujours supérieure ; il est plus agile ; et, ayant tous les organes plus forts, il est plus capable d’une attention suivie. Tous les arts ont été inventés par lui, et non par la femme. On doit remarquer que ce n’est pas le feu de l’imagination, mais la méditation persévérante et la combinaison des idées, qui ont fait inventer les arts, comme les mécaniques, la poudre à canon, l’imprimerie, l’horlogerie, etc.

L’espèce humaine est la seule qui sache qu’elle doit mourir, et elle ne le sait que par l’expérience. Un enfant élevé seul, et transporté dans une île déserte, ne s’en douterait pas plus qu’une plante et un chat.

Un homme à singularités[1] a imprimé que le corps humain est un fruit qui est vert jusqu’à la vieillesse, et que le moment de la mort est la maturité. Étrange maturité que la pourriture et la cendre ! La tête de ce philosophe n’était pas mûre. Combien la rage de dire des choses nouvelles a-t-elle fait dire de choses extravagantes !

Les principales occupations de notre espèce sont le logement, la nourriture et le vêtement ; tout le reste est accessoire, et c’est ce pauvre accessoire qui a produit tant de meurtres et de ravages.

DIFFÉRENTES RACES D’HOMMES.

Nous avons vu ailleurs combien ce globe porte de races d’hommes différentes[2], et à quel point le premier nègre et le premier blanc qui se rencontrèrent durent être étonnés l’un de l’autre.

  1. Maupertuis. (Note de Voltaire.)
  2. Tome XI, page 5.