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GÉOMÉTRIE.

court à la plate-bande avec son précepteur. Le parterre est inondé ; il n’y a qu’un des longs côtés de la plate-bande qui paraisse. Ce côté a trente pieds de long, mais on ne sait point quelle est sa largeur. Le maître lui fait d’abord aisément comprendre qu’il faut que ces tulipes bordent ce parterre à six pouces de distance l’une de l’autre : ce sont déjà soixante tulipes pour la première rangée de ce côté. Il doit y avoir six lignes : l’enfant voit qu’il y aura six fois soixante, trois cent soixante tulipes. Mais de quelle largeur sera donc cette plate-bande que je ne puis mesurer ? Elle sera évidemment de six fois six pouces, qui font trois pieds.



Il connaît la longueur et la largeur ; il veut connaître la superficie. « N’est-il pas vrai, lui dit son maître, que si vous faisiez courir une règle de trois pieds de long et d’un pied de large sur cette plate-bande, d’un bout à l’autre, elle l’aurait successivement couverte tout entière ? » Voilà donc la superficie trouvée, elle est de trois fois trente. Ce morceau a quatre-vingt-dix pieds carrés.

Le jardinier, quelques jours après, tend un cordeau d’un angle à l’autre dans la longueur ; ce cordeau partage le rectangle en deux parties égales : « Il est donc, dit le disciple, aussi long qu’un des deux côtés ?

le maître.

Non, il est plus long.

le disciple.

Mais quoi ! si je fais passer des lignes sur cette transversale que vous appelez diagonale, il n’y en aura pas plus pour elle que




pour les deux autres ; elle leur est donc égale. Quoi ! lorsque je forme la lettre N, ce trait qui lie les deux jambages n’est-il pas de la même hauteur qu’eux ?