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FRANC OU FRANQ ;



FORNICATION[1].


Le Dictionnaire de Trévoux dit que c’est un terme de théologie. Il vient du mot latin fornix, petites chambres voûtées dans lesquelles se tenaient les femmes publiques à Rome. On a employé ce terme pour signifier le commerce des personnes libres. Il n’est point d’usage dans la conversation, et n’est guère reçu aujourd’hui que dans le style marotique. La décence l’a banni de la chaire. Les casuistes en faisaient un grand usage, et le distinguaient en plusieurs espèces. On a traduit par le mot de fornication les infidélités du peuple juif pour des dieux étrangers, parce que chez les prophètes ces infidélités sont appelées impuretés, souillures. C’est par la même extension qu’on a dit que les Juifs avaient rendu aux faux dieux un hommage adultère.


FRANC OU FRANQ[2] ;


FRANCE, FRANÇOIS, FRANÇAIS.


L’Italie a toujours conservé son nom, malgré le prétendu établissement d’Énée, qui aurait dû y laisser quelques traces de la langue, des caractères et des usages de Phrygie, s’il était jamais venu avec Achate, Cloanthe et tant d’autres, dans le canton de Rome alors presque désert. Les Goths, les Lombards, les Francs, les Allemands ou Germains, qui envahirent l’Italie tour à tour, lui laissèrent au moins son nom.

Les Tyriens, les Africains, les Romains, les Vandales, les Visigoths, les Sarrasins, ont été les maîtres de l’Espagne les uns après les autres ; le nom d’Espagne est demeuré. La Germanie a toujours conservé le sien ; elle y a joint seulement celui d’Allemagne, qu’elle n’a reçu d’aucun vainqueur.

Les Gaulois sont presque les seuls peuples d’Occident qui aient perdu leur nom. Ce nom était celui de Walch ou Wulch ; les Romains substituaient toujours un G au W, qui est barbare : de Welche ils firent Galli, Gallia. On distingua la Gaule celtique,

  1. Encyclopédie, tome VII, 1757, (B.) — « À l’égard de Fornication, écrit Voltaire à d’Alembert, 9 décembre 1755, je suis d’autant plus en droit d’approfondir cette matière que j’y suis malheureusement très-désintéressé. »
  2. Questions sur l’Encyclopédie, sixième partie, 1771. (B.)