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FÊTES.

Il y a un an que l’on me fait espérer que les loyers vont diminuer, par la suppression d’une des maisons des capucins et des cordeliers. Que de maisons inutiles dans le centre d’une ville comme Lyon ! les jacobins, les dames de Saint-Pierre, etc. : pourquoi ne pas les écarter dans les faubourgs, si on les juge nécessaires ? que d’habitants plus nécessaires encore tiendraient leurs places !

Toutes ces réflexions m’ont engagé à m’adresser à vous, messeigneurs, qui avez été choisis par le roi pour détruire des abus. Je ne suis pas le seul qui pense ainsi ; combien d’ouvriers dans Lyon et ailleurs, combien de laboureurs dans le royaume, sont réduits à la même nécessité que moi ! Il est visible que chaque jour de fête coûte à l’État plusieurs millions. Ces considérations vous porteront à prendre à cœur les intérêts du peuple, qu’on dédaigne un peu trop.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Bocen


Nous avons cru que cette requête, qui a été réellement présentée, pourrait figurer dans un ouvrage utile.


SECTION III[1].


On connaît assez les fêtes que Jules César et les empereurs qui lui succédèrent donnèrent au peuple romain. La fête des vingt-deux mille tables, servies par vingt-deux mille maîtres d’hôtel, les combats de vaisseaux sur des lacs qui se formaient tout d’un coup, etc., n’ont pas été imités par les seigneurs hérules, lombards ou francs, qui ont voulu aussi qu’on parlât d’eux.

Un Welche nommé Cahusac n’a pas manqué de faire un long article sur ces fêtes dans le grand Dictionnaire encyclopédique. Il dit que « le ballet de Cassandre fut donné à Louis XIV par le cardinal Mazarin, qui avait de la gaieté dans l’esprit, du goût pour les plaisirs dans le cœur, et dans l’imagination moins de faste que de galanterie ; que le roi dansa dans ce ballet à l’âge de treize ans, avec les proportions marquées et les attitudes dont la nature l’avait embelli ». Ce Louis XIV, né avec des attitudes, et ce faste de l’imagination du cardinal Mazarin, sont dignes du beau style qui est aujourd’hui à la mode. Notre Cahusac finit par

  1. Seconde section dans la sixième partie des Questions sur l’Encyclopédie, 1771. (B.)