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ASSEMBLÉE.


Heureusement vous ne trouverez point dans le Dictionnaire encyclopédique de ces horreurs insensées. On y voit souvent une philosophie qui semble hardie ; mais non pas cette bavarderie atroce et extravagante, que deux ou trois fous ont appelée philosophie, et que deux ou trois dames appelaient éloquence.



ASSEMBLÉE[1].


Terme général qui convient également au profane, au sacré, à la politique, à la société, au jeu, à des hommes unis par les lois ; enfin à toutes les occasions où il se trouve plusieurs personnes ensemble.

Cette expression prévient toutes les disputes de mots, et toutes les significations injurieuses par lesquelles les hommes sont dans l’habitude de désigner les sociétés dont ils ne sont pas.

L’assemblée légale des Athéniens s’appelait église[2].

Ce mot ayant été consacré parmi nous à la convocation des catholiques dans un même lieu, nous ne donnions pas d’abord le nom d’église à l’assemblée des protestants : on disait une troupe de huguenots ; mais la politesse bannissant tout terme odieux, on se servit du mot assemblée, qui ne choque personne.

En Angleterre, l’Église dominante donne le nom d’assemblée, meeting, aux Églises de tous les non-conformistes.

Le mot d’assemblée est celui qui convient le mieux, quand plusieurs personnes en assez grand nombre sont priées de venir perdre leur temps dans une maison dont on leur fait les honneurs et dans laquelle on joue, on cause, on soupe, on danse, etc. S’il n’y a qu’un petit nombre de priés, cela ne s’appelle point assemblée ; c’est un rendez-vous d’amis, et les amis ne sont jamais nombreux.

Les assemblées s’appellent en italien conversazione, ridotto. Ce mot ridotto est proprement ce que nous entendions par réduit ; mais réduit étant devenu parmi nous un terme de mépris, les gazetiers ont traduit ridotto par redoute. On lisait, parmi les nouvelles importantes de l’Europe, que plusieurs seigneurs de la plus grande considération étaient venus prendre du chocolat chez la princesse Borghèse, et qu’il y avait eu redoute. On avertissait l’Europe qu’il y aurait redoute le mardi suivant chez son excellence la marquise de Santafior.

  1. Questions sur l’Encyclopédie, deuxième partie, 1770. (B.)
  2. Voyez Église. (Note de Voltaire.)