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APOCRYPHES.

XXII.

Les reconnaissances de saint Clément[1] à Jacques, frère du Seigneur, en dix livres, traduites du grec en latin par Rufin.

Ce livre commence par un doute sur l’immortalité de l’âme : Utrumne sit mihi aliqua vita post mortem ; an nihil omnino postea sim futurus[2] ? Saint Clément, agité par ce doute, et voulant savoir si le monde était éternel, ou s’il avait été créé, s’il y avait un Tartare et un Phlégéton, un Ixion et un Tantale, etc., etc., voulut aller en Égypte apprendre la nécromancie ; mais ayant entendu parler de saint Barnabé, qui prêchait le christianisme, il alla le trouver dans l’Orient, dans le temps que Barnabé célébrait une fête juive. Ensuite il rencontra saint Pierre à Césarée avec Simon le Magicien et Zachée. Ils disputèrent ensemble, et saint Pierre leur raconta tout ce qui s’était passé depuis la mort de Jésus. Clément se fit chrétien, mais Simon demeura magicien.

Simon devint amoureux d’une femme qu’on appelait la Lune, et en attendant qu’il l’épousât, il proposa à saint Pierre, à Zachée, à Lazare, à Nicodème, à Dosithée, et à plusieurs autres, de se mettre au rang de ses disciples. Dosithée lui répondit d’abord par un grand coup de bâton ; mais le bâton ayant passé au travers du corps de Simon, comme au travers de la fumée, Dosithée l’adora et devint son lieutenant ; après quoi Simon épousa sa maîtresse, et assura quelle était la lune elle-même descendue du ciel pour se marier avec lui.

Ce n’est pas la peine de pousser plus loin les reconnaissances de saint Clément. Il faut seulement remarquer qu’au livre IX il est parlé des Chinois sous le nom de Seres, comme des plus justes et des plus sages de tous les hommes ; après eux viennent les brachmanes, auxquels l’auteur rend la justice que toute l’antiquité leur a rendue. L’auteur les cite comme des modèles de sobriété, de douceur et de justice.

XXIII.

La Lettre de saint Pierre à saint Jacques, et la Lettre de saint Clément au même saint Jacques, frère du Seigneur, gouvernant la sainte Église des Hébreux à Jérusalem et toutes les Églises[3]. La lettre de saint Pierre ne contient rien de curieux, mais celle de saint Clément

  1. Se trouvent aussi dans le recueil de Cotelier.
  2. Numéro xvii, et dans l’exorde. (Note de Voltaire.)
  3. Ces pièces se trouvent aussi dans le recueil de Cotelier.