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APOCRYPHES.

pour ce crime exécrable, et j’ai pris la fuite ; ma mère en fureur m’accuse auprès du proconsul de la province de l’avoir voulu violer. Je ne puis rien répondre, car j’aimerais mieux mourir que d’accuser ma mère. » Comme il parlait ainsi, les gardes du proconsul vinrent se saisir de lui. Saint André accompagna l’enfant devant le juge, et plaida sa cause : la mère ne se déconcerta point ; elle accusa saint André lui-même d’avoir engagé l’enfant à ce crime. Le proconsul aussitôt ordonne qu’on jette saint André dans la rivière ; mais l’apôtre ayant prié Dieu, il se fit un grand tremblement de terre, et la mère mourut d’un coup de tonnerre.

Après plusieurs aventures de ce genre, l’auteur fait crucifier saint André à Patras.

XI.

Les Gestes de saint Jacques le Majeur. L’auteur le fait condamner à la mort par le pontife Abiathar à Jérusalem, et il baptise le greffier avant d’être crucifié.

XII.

Les Gestes de saint Jean l’Évangéliste. L’auteur raconte qu’à Éphèse, dont saint Jean était évêque, Drusilla, convertie par lui, ne voulut plus de la compagnie de son mari Andronic, et se retira dans un tombeau. Un jeune homme nommé Callimaque, amoureux d’elle, la pressa quelquefois dans ce tombeau même de condescendre à sa passion. Drusilla, pressée par son mari et par son amant, souhaita la mort, et l’obtint. Callimaque, informé de sa perte, fut encore plus furieux d’amour ; il gagna par argent un domestique d’Andronic, qui avait les clefs du tombeau ; il y court ; il dépouille sa maîtresse de son linceul, il s’écrie : « Ce que tu n’as pas voulu m’accorder vivante, tu me l’accorderas morte. » Et dans l’excès horrible de sa démence, il assouvit ses désirs sur ce corps inanimé. Un serpent sort à l’instant du tombeau : le jeune homme tombe évanoui, le serpent le tue ; il en fait autant du domestique complice, et se roule sur son corps. Saint Jean arrive avec le mari ; ils sont étonnés de trouver Callimaque en vie. Saint Jean ordonne au serpent de s’en aller ; le serpent obéit. Il demande au jeune homme comment il est ressuscité ; Callimaque répond qu’un ange lui était apparu et lui avait dit : « Il fallait que tu mourusses pour revivre chrétien. » Il demanda aussitôt le baptême, et pria saint Jean de ressusciter Drusilla. L’apôtre ayant sur-le-champ opéré ce miracle, Callimaque et Drusilla le supplièrent de vouloir bien aussi ressusciter le domestique. Celui-ci, qui était un païen