Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome16.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
NOTES SUR LES REMARQUES DE LA MOTRAYE.


portai point ce livre à la main ; il était dans ma valise, confondu avec d’autres livres.

Il est vrai qu’on a laissé cette erreur essentielle.

XLVII. Le Grand Seigneur n’ordonna douze cents bourses pour le roi qu’après que ce prince lui eut écrit qu’il était résolu de s’en retourner incessamment dans ses États, et lui en eut demandé mille.

Cela est dit mot pour mot dans l’histoire.

XLVIII. Les prétendues lettres du comte Flemming en chiffres au kan, qui, interprétées, dites-vous, par les Suédois, les déterminèrent à croire que le roi Auguste marchandait avec le kan et le bacha pour lui livrer le roi de Suède ; le soupçon qu’en conçut Charles XII et dans lequel il fut, ajoutez-vous, confirmé par le départ précipité du comte Sapieha, tout cela a paru imaginaire, et pouvait être un prétexte pour différer le départ du roi, qui, ayant remarqué la facilité et la générosité avec laquelle le Grand Seigneur donnait douze cents bourses, au lieu de mille qu’il avait demandées, en demanda encore mille autres. Ce soupçon, qu’on a fait servir de raison pour excuser le refus et la résistance de ce prince à Varnitza, ne pouvait être confirmé par le départ précipité de Sapieha, qui ne partit de Bender que quelques semaines après l’affaire de Varnitza, lorsque Sa Majesté était déjà arrivée dans le voisinage d’Andrinople. Voici ce qu’il y a de certain au sujet de ce comte. Il s’était épuisé en Pologne pour le service de ce monarque, et n’en avait pas été vu de meilleur œil qu’à Bender, où il disait que ses compatriotes et ses rivaux avaient prévenu Sa Majesté contre lui, comme ils firent, ajoutait-il, le roi Stanislas en y arrivant. Il se voyait sans argent et sans crédit ; il songea à faire sa paix avec le roi Auguste, comme ont fait dans la suite ces mêmes compatriotes. Quelle trahison trouvez-vous là dedans ?

Ce qu’il y a de certain par tout ce récit, c’est que M. de La Motraye n’en sait rien.

XLIX. Je n’ai jamais ouï parler du mot : Nous combattrons pro aris et focis, que vous mettez dans la bouche de ce prince.

C’est ce qu’on tient de la bouche de M. Fabrice et de plusieurs autres témoins,

L. Quelques domestiques me dirent qu’ils le[1] croyaient brûlé, parce qu’ils avaient vu une grande partie du plancher tomber en charbons ardents, justement à l’endroit où il tirait par une fenêtre sur les Turcs.

  1. Il s’agit de Frédéric, valet de chambre du roi de Suède ; voyez la note de Voltaire, page 302.