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NOTES SUR LES REMARQUES DE LA MOTRAYE.


cours dont il l’avait entretenu. Le Fort chercha chez tous les marchands étrangers établis à Moscou tout ce qui est nécessaire pour habiller cette compagnie ; et, ayant arrêté tous les tailleurs étrangers qui se trouvaient dans la ville, il demanda un ordre au czar pour faire prendre la mesure à ceux d’entre les strélitz qui étaient de plus belle taille et avaient meilleure mine.

Il est constant qu’il n’y avait aucun strélitz dans cette compagnie de cinquante hommes ; mais ces petits faits sont des bagatelles sur lesquelles il importe peu d’avoir raison.

IX. Ce que vous traitez de bruit populaire ou de fausseté, touchant les excès de vin qui portèrent Charles XII avant la guerre à des actions indignes d’un prince... est très-vrai.

Cela est très-faux. M. le comte de Croissy prit un jour la liberté de le demander à Charles XII lui-même, qui, quoi qu’en dise le sieur de La Motraye, répondit que c’était une calomnie. C’est ce que je tiens de la bouche de M. le comte de Croissy, ambassadeur auprès de ce roi.

X. Le comte Dahlberg ayant repris le fort de Dunamunden sur les Saxons par capitulation, après une aussi longue et aussi vigoureuse attaque des assiégeants que fut la résistance des assiégés, ce jeune héros (Charles XII) voulait à toute force qu’on y fît rentrer les prisonniers pour le prendre d’assaut, et sans donner ni recevoir de quartier.

Cela n’est ni vraisemblable ni vrai. De pareils contes déshonoreraient une histoire.

XI. Les relations de la victoire de Narva, assiégée par les Moscovites en 1700, varient fort ; et ce que j’en ai appris... ne s’accorde pas tout à fait avec ce que vous en dites. Vous faites débarquer Charles avec seize mille hommes, etc.

On ne fait presque que copier ici l’histoire de M. de Voltaire ; il n’y a de différence que dans le style et dans des circonstances qu’un écrivain judicieux doit supprimer.

XII. Les officiers dont je viens de parler m’ont raconté, entre autres particularités, que le nombre des prisonniers moscovites était si grand que, pour s’en débarrasser, on les renvoya à leur maitre, après leur avoir ôté jusqu’à un couteau et coupé en deux endroits la ceinture de leurs hauts-de-chausses, qu’ils étaient obligés de soutenir des deux mains.

Il reste à savoir si c’est une faute bien considérable d’avoir omis l’aventure des culottes des Moscovites.