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CHAPITRE LXVIII.


qui avaient donné leurs démissions : on les leur rendit, ils reprirent leurs fonctions[1] ; mais ils demeurèrent très-aigris.

On rendit aussi au parlement de Rennes trois conseillers qu’on avait mis en prison ; et le parlement de Rennes ne fut que plus irrité.

Dès que le parlement parut tranquille, l’archevêque Beaumont ne le fut pas ; il renouvela toutes les querelles qui semblaient assoupies : refus de sacrements, interdictions de religieuses. Le roi ayant écrit précédemment au pape Benoît XIV pour le prier de lui donner les moyens d’apaiser les troubles, moyens très-difficiles à trouver, Beaumont avait écrit de son côté pour aigrir le pape. Il déplut également au roi et au pontife de Rome. Louis XV, accoutumé à l’exiler[2], l’envoya en Périgord. C’est ainsi que se termina l’année 1757[3].



CHAPITRE LXVIII.

DE L’ABOLISSEMENT DES JÉSUITES.

[4]On sait tout ce qu’on reprochait depuis longtemps aux jésuites : ils étaient regardés en général comme fort habiles, fort riches, heureux dans leurs entreprises, et ennemis de la nation : ils n’étaient rien de tout cela ; mais ils avaient violemment abusé de leur crédit quand ils en avaient eu. D’autres ordres étaient beaucoup plus opulents, mais ils n’avaient pas été intrigants et

  1. 29 août 1757. (Note de Voltaire.)
  2. La première édition seule porte : Louis XV, qui ne savait qu’exiler ; voyez en effet, page 96, l’énumération de quelques exils. Dès la seconde édition de l’Histoire du Parlement, Voltaire mit : accoutumé à l’exiler. (B.)
  3. Dans les éditions de 1769 et 1770, le chapitre se terminait par l’alinéa que voici : « Toutes ces querelles tombèrent bientôt dans l’oubli, lorsque l’expulsion des jésuites occupa tout le royaume. »

    Cet alinéa, supprimé dans l’édition encadrée de 1775, fut rétabli en 1777, dans le tome XXVII de l’édition in-4°. Il n’avait pas été conservé par les éditeurs de Kehl. (B.)

  4. Ce chapitre, qui dans la première édition était le LXVIIe, commençait alors ainsi :

    « Pour connaître un peu l’esprit des jésuites, ou plutôt celui de presque tous les moines, je commencerai par rapporter ce qui leur arriva dans le ressort du