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SECONDE RÉGENCE DE CATHERINE DE MÉDICIS.


chacun des huit parlements[1] qui partageaient alors la juridiction de tout le royaume, une chambre mi-partie de catholiques et de protestants pour juger leurs procès sans partialité. Les Guises prirent ce temps pour faire cette fameuse et longue conspiration sous le nom de sainte Ligue.

Le président Hennequin, un conseiller au Châtelet, nommé La Bruyère, et son père, parfumeur sur le Pont-au-Change, furent les premiers qui allumèrent l’embrasement dans Paris. Le roi se trouva, au bout de trois mois, entouré d’un parti formidable dépendant des Guises et du pape.

Cette conspiration de la moitié du royaume n’avait rien qui annonçât la rébellion et la désobéissance au roi. La religion la rendait respectable et dangereuse. Henri III crut s’en rendre maître en s’en déclarant le chef ; mais il n’en fut que l’esclave, et ensuite la victime. Il se vit obligé de révoquer tous ses édits et de faire la guerre au roi de Navarre, qui fut depuis heureusement son successeur, mais pour trop peu de temps, et qui seul pouvait être son défenseur. Il assembla d’abord les premiers états de Blois, le 3 décembre 1576. Le tiers état y fut assis aussi bien que le clergé et la noblesse. Les princes du sang y prirent place suivant l’ordre de leur naissance, et non pas suivant celui des pairies, comme il se pratiquait autrefois ; la proximité de la couronne régla leur rang, et ils prirent le pas sans difficulté sur tous les autres pairs du royaume. On en fit une déclaration qui fut enregistrée le 8 janvier 1577. Le parlement n’eut de place à ces états ni en corps, ni par députés ; mais le premier président de la chambre des comptes, Antoine Nicolaï, vint y prendre séance et

  1. Il n’y avait alors en France que huit parlements, savoir :
    I. 
    Paris, établi en 
     1302
    II. 
    Toulouse, 
     1444
    III. 
    Grenoble, 
     1453
    IV. 
    Bordeaux, 
     1462
    V. 
    Dijon, 
     1494
    VI. 
    Aix, 
     1501
    VII. 
    Rouen, 
     1515
    VIII. 
    Rennes, 
     1553

    Il y en avait douze en 1762, lorsque Voltaire publia les Idées républicaines (voyez les Mélanges, année 1762). Les quatre nouveaux étaient :

    IX. 
    Pau, établi en 
     1620
    X. 
    Metz 
     1634
    XI. 
    Besançon 
     1676
    XII. 
    Douai, 
     1686

    Un treizième parlement fut érigé par Louis XVI à Nancy, en septembre 1775. Ces