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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

On imprima dans le Journal encyclopédique, 1769, VII, page 296, une Lettre à M. de Voltaire sur un passage de son Essai du Siècle de Louis XV. Le Ch. de S. B..., dont cette Lettre porte la signature, dit que c’est un Irlandais, nomme Rutlidge, qui fit connaître Walsh au prince Édouard (voyez chapitre XXV, p. 282). Cette circonstance valait-elle la peine d’être indiquée[1] ?

Un antagoniste, sinon un ennemi du général Lally, fit imprimer, en 1770, une Lettre des Indes à l’auteur du Siècle de Louis XV, in-8° de seize pages. Il reproche à Voltaire sa partialité pour le général, et critique quelques phrases de son Précis.

Je ne sais si Voltaire fut profondément blessé de cette critique ; mais il dut être singulièrement flatté lorsque, six ans après, il reçut de Pondichéry une lettre[2] dont voici le début :


« Monsieur, vous serez peut-être surpris qu’un homme qui n’a pas l’honneur d’être connu de vous vous écrive de six mille lieues pour vous dire que la renommée a porté votre nom dans un pays si éloigné, où vous avez des admirateurs, même des disciples en philosophie. Vous avez éclairé, monsieur, l’humanité en général. Les Brames, les Malabares, les Maures, dont plusieurs sont instruits et savent la langue française, lisent vos ouvrages avec un plaisir qui les charme. Ils aperçoivent et sentent, ainsi que nous, que vos divins écrits sont des sources inépuisables de vertu civile et morale, non moins que de sagesse. J’ai consulté ces Indiens sur le Shasta, le Veidam, l’Ézour-Veidam. Ils m’ont dit que ce que vous avez écrit et sur ces monuments antiques et sur l’Inde était conforme à la plus exacte vérité, mais que vous aviez été trompé par les personnes qui vous ont donné des notes ou mémoires sur certains faits du Précis du Siècle de Louis XV. »


Le reste de la lettre de Bourcet contient des observations et rectifications sur plusieurs passages du Précis du Siècle de Louis XV. J’ai indiqué les passages que Voltaire a corrigés d’après les remarques de Bourcet. J’ai rapporté quelques-unes de celles dont Voltaire n’a point fait usage. En résumé la lettre de Bourcet, ainsi qu’on peut en juger par ce que j’en ai transcrit, est bien plus un éloge qu’une critique.

Un autre hommage fut rendu à l’ouvrage de Voltaire après la mort de l’auteur. La Société de gens de lettres à qui l’on doit la traduction de l’Histoire universelle depuis le commencement du monde, composée par une société de gens de lettres, trouvant que les historiens d’outre-mer avaient traité le règne de Louis XV d’une manière trop sèche et trop concise, crurent à devoir les oublier pour un moment[3] », et, au lieu de donner la

  1. Il se pourrait que le ch. de S. B. ne fût autre que le chevalier de Rutlidge, auteur du Bureau d’esprit, comédie, et de quelques autres ouvrages écrits en français.
  2. Cette lettre de Bourcet cadet, neveu d’un lieutenant général, est datée de Pondichéry, 1er février 1776, et a été imprimée, en 1826, à la page 100 du tome Ier des Mémoires sur Voltaire par Longchamp et Wagnière.
  3. Voyez l’Avis des traducteurs français, page 227 du tome LXXVIII (38e de l’Histoire moderne) de l’édition in-8°.