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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir.
Aimez-vous la muscade ? on en a mis partout.
La raison dit Virgile, et la rime Quinault.

ce sont là plutôt des proverbes du peuple que des vers dignes d’être retenus par les connaisseurs. Mort en 1711.

Boileau (Gilles), né à Paris en 1631, frère aîné du fameux Boileau. Il a fait quelques traductions qui valent mieux que ses vers. Mort en 1669.

Boileau (Jacques), autre aîné de Despréaux, docteur de Sorbonne : esprit bizarre, qui a fait des livres bizarres, écrits dans un latin extraordinaire, comme l’Histoire des flagellants, les Attouchements impudiques, les Habits des prêtres, etc. On lui demandait pourquoi il écrivait toujours en latin : « C’est, dit-il, de peur que les évêques ne me lisent ; ils me persécuteraient. » Mort en 1716.

Boindin (Nicolas), trésorier de France et procureur du roi de sa compagnie, de l’Académie des belles-lettres, connu par d’excellentes recherches sur les théâtres anciens, et sur les tribus romaines, par la jolie comédie du Port de mer. C’était un critique dur ; le Dictionnaire historique et janséniste[1] le traite d’athée. Il n’a jamais rien écrit sur la religion. Pourquoi insulter ainsi à la mémoire d’un magistrat que les auteurs de ce Dictionnaire n’ont point connu ? Quelle insolence punissable ! Comme il était mort sans sacrements, les prêtres de sa paroisse voulaient lui refuser la sépulture, espèce de juridiction qu’ils prétendent avoir droit d’exercer ; mais le gouvernement et les magistrats, qui veillent au maintien des lois, de la décence, et des mœurs, répriment avec soin ces actes de superstition et de barbarie. Cependant on craignit que ces prêtres n’ameutassent le petit peuple contre le convoi de Boindin, ainsi qu’ils l’avaient ameuté contre celui de Molière, et Boindin fut enterré sans cérémonie. Mort en 1751.

Boisrobert (François Le Métel de), plus célèbre par sa faveur auprès du cardinal de Richelieu, et par sa fortune, que par son mérite. Il composa dix-huit pièces de théâtre qui ne réussirent guère qu’auprès de son patron. Mort en 1662.

Boivin (Jean), né en Normandie en 1663, frère de Louis Boivîn, et utile comme lui pour l’intelligence des beautés des auteurs grecs. Mort en 1726.

  1. Voltaire désigne ainsi le Dictionnaire de Barral et Guibaud (voyez page 24, note 2).