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ÉCRIVAINS FRANÇAIS DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

-fautifs. Il est le premier qui ait fait connaître le gouvernement de Venise. Son histoire déplut au sénat, qui était encore dans l’ancien préjugé qu’il y a des mystères politiques qu’il ne faut pas révéler. On a appris depuis qu’il n’y a plus de mystères, et que la politique consiste à être riche et à entretenir de bonnes armées. Amelot traduisit et commenta le Prince de Machiavel, livre longtemps cher aux petits seigneurs qui se disputaient de petits États mal gouvernés, devenu inutile dans un temps où tant de grandes puissances, toujours armées, étouffent l’ambition des faibles. Amelot se croyait le plus grand politique de l’Europe ; cependant il ne sut jamais se tirer de la médiocrité, et il mourut dans la misère : c’est qu’il était politique par son esprit, et non par son caractère. Mort en 1706[1].

Amelotte (Denis), né en Saintonge en 1606, de l’Oratoire. Il est principalement connu par une assez bonne version du Nouveau Testament. Mort en 1678.

Amontons (Guillaume), né à Paris en 1663, excellent mécanicien. Mort le 11 octobre en 1705.

Ancillon (David), né à Metz en 1617, calviniste, et son fils Charles. Mort à Berlin en 1715, ont eu quelque réputation dans la littérature.

Anselme[2], moine augustin, le premier qui ait fait une histoire généalogique des grands officiers de la couronne, continuée et augmentée par Dufourny, auditeur des comptes. On a une notion très-vague de ce qui constitue les grands officiers. On s’imagine que ce sont ceux à qui leur charge donne le titre de grand, comme grand écuyer, grand échanson ; mais le connétable, les maréchaux, le chancelier, sont grands officiers, et n’ont point ce titre de grand, et d’autres qui l’ont ne sont point réputés grands officiers. Les capitaines des gardes, les premiers gentilshommes de la chambre, sont devenus réellement de grands officiers, et ne sont pas comptés par le père Anselme. Rien n’est décidé sur cette matière, et il y a autant de confusion et d’incertitude sur tous les droits et sur tous les titres en France qu’il y a d’ordre dans l’administration. Mort en 1694.

Arnauld (Antoine), vingtième fils de celui qui plaida contre les jésuites, docteur en Sorbonne, né en 1612. Rien n’est plus connu que son éloquence, son érudition, et ses disputes, qui le

  1. Dans son Dictionnaire français, Richelet se moque à chaque page d’Amelot de la Houssaye. (G. A.)
  2. Pierre de Guibours, communément appelé le P. Anselme de Sainte-Marie.